Dans les coulisses de GS : un service de secours et du feu professionnel atypique

Ils font partie des meilleurs, agissent et œuvrent pour le bien de la communauté cernoise. Bienvenue chez les sapeurs-pompiers professionnels du CERN.

 

Des sapeurs-pompiers professionnels hautement qualifiés
58 professionnels composent aujourd’hui le service Secours et feu (SSF) du CERN (groupe GS-FB). Et ces places sont chères… Pour quelques postes ouverts, plusieurs centaines de candidatures issues de toute l’Europe sont déposées. Notons au passage que seuls peuvent postuler les sapeurs-pompiers professionnels ayant 5 années d’expérience, issus d’un centre à forte activité opérationnelle… et maîtrisant au moins l’une des deux langues officielles du Laboratoire.

Une fois présélectionnés, les candidats – environ une vingtaine à ce stade – entrent dans l’arène : tests de langue, examens théoriques et exercices sur feux réels, rien ne leur est épargné. « Pour la partie pratique, les candidats sont tous évalués sur un feu réel, explique Yann Lechevin, chef de projet au SSF. Et qui dit 20 candidats, dit 20 incendies… je vous laisse imaginer les moyens logistiques à mettre en œuvre pour quelques postes à pourvoir ! »

Une fois sélectionnés, les heureux élus intègrent la brigade des sapeurs-pompiers du CERN. Commencent alors pour eux sept semaines de formation technique, généralement suivies d’un mois d’immersion linguistique intensive : une entrée en matière qui leur permet de se préparer au contexte peu ordinaire du Laboratoire. « Le CERN est un environnement très particulier, notamment d’un point de vue topographique, souligne Catherine Laverrière, responsable qualité au SSF. Nous sommes ainsi amenés à intervenir dans des lieux très hétéroclites : les tunnels, les zones d’expérimentation, mais aussi les restaurants ou les hôtels… Nous devons de plus faire face à des risques technologiques très spécifiques et très variés. Dans ce contexte, l’acquisition des connaissances permettant à un sapeur-pompier professionnel d’être autonome nécessite un minimum de deux années de formation continue. »

En 2010, la brigade a accueilli sa première femme pompier, rapidement rejointe par deux autres professionnelles. « Nous espérons que d’autres femmes rejoindront bientôt nos rangs, ajoute Yann Lechevin. Bien sûr, celles-ci sont soumises aux mêmes épreuves de sélection que leurs collègues masculins, ce qui en dit très long sur leurs capacités. » En avril, en remplacement de sapeurs-pompiers arrivés en fin de contrat, cinq nouvelles recrues (des hommes) intègreront la brigade. Six autres seront sélectionnées en mai pour une intégration à l’automne 2014.

Les pompiers du service Secours et feu du CERN.

Dosage précis
L’an dernier, les sapeurs-pompiers du CERN ont réalisé pas moins de 1800 interventions. Récemment, ils ont été appelés au Centre de calcul du CERN, où ils sont très rapidement parvenus à maîtriser un incendie. « Nous sommes arrivés sur place en trois minutes, relate Patrick Berlinghi, officier de permanence au moment de l’incendie. Deux minutes plus tard, tout aurait été beaucoup plus compliqué. Le souci, avec le Centre de calcul, c’est qu’il est totalement exclu de couper le courant … ce qui semblerait étrange à n’importe quel pompier externe en regard des prescriptions de sécurité généralement appliquées ! » Et c’est là la particularité du CERN, où rien ne se passe comme ailleurs : il y a quelques semaines, les pompiers ont été alertés pour un début d’incendie au cœur d’un détecteur. N’importe quel pompier externe aurait noyé la zone sans se poser de questions … ce qui aurait eu un accueil plutôt mitigé de la part de la communauté scientifique de l’Organisation. Les sapeurs-pompiers du CERN, eux, ont opté pour l’extinction du foyer par étouffement. « C’est aussi ce qui fait la richesse de notre métier, conclut Yann Lechevin. Nous interagissons énormément avec nos collègues d’autres départements, parmi lesquels les responsables d’expériences et les membres du groupe Opérations (BE-OP), pour trouver, ensemble, la meilleure stratégie à adopter. Au CERN, aucune intervention n’est jamais ordinaire ! »
 


 

Au CERN, TETRA triomphe

Fruit d’un projet initialement lancé et développé par le service Secours et feu du CERN (voir l’article paru dans le Bulletin 51-03/2013), avec un soutien fort des départements IT et PH, le système de communication par radio numérique TETRA fait aujourd’hui partie intégrante de l’équipement des sapeurs-pompiers. Également utilisées par les agents de sécurité du Laboratoire et les membres des expériences LHC, ces radios ont prouvé leur utilité à maintes reprises - notamment grâce à l’application D.A.T.I. (dispositif d'alarme pour travailleur isolé), qui signale au central des sapeurs-pompiers toute position horizontale prolongée ou tout choc important, et qui a permis, en 2013, de secourir une personne qui avait perdu connaissance.

Fort de ce succès interne, le système TETRA du CERN a convaincu un panel d’experts de sa pertinence et de sa grande fiabilité : le 21 février dernier, le magazine Tetra Today et la TETRA Critical Communications Association ont récompensé le CERN, en lice avec des concurrents mondiaux de haut vol, dans deux catégories, celle de « Meilleure utilisation de TETRA pour le secours public » et celle de « Meilleur déploiement uni-site du système TETRA ».

 

par Anaïs Schaeffer