Le rôle du CERN vis-à-vis des applications médicales

La semaine passée, le CERN a accueilli la première réunion du Comité international d’orientation stratégique pour les applications médicales. Ce comité aidera le Laboratoire à définir sa feuille de route pour les activités de recherche et développement dans le domaine des applications médicales. Le Bulletin du CERN s’est entretenu avec le Président du comité, qui lui a fait part de ses attentes et de son point de vue.

 

Le Dr. Michael Baumann est directeur du département de radio-oncologie de l’hôpital universitaire Carl Gustav Carus, à Dresde, et de l’Institut de radio-oncologie du Helmholtz Zentrum Dresden-Rossendorf (Allemagne). Il a récemment été nommé président du Comité international d’orientation stratégique du CERN pour les applications médicales – une équipe d’experts qui conseillera le groupe d’étude du CERN sur les applications médicales, dirigé par Steve Myers. « Le CERN a un bilan  formidable en physique et en recherche fondamentale, souligne Michael Baumann. Je pense qu’il a un rôle majeur à jouer en pilotant certains travaux de R&D qui ne peuvent pas être effectués dans des universités ou des centres médicaux. »

Le projet phare du CERN dans le domaine biomédical est OPENMED, une nouvelle installation qui pourrait utiliser des faisceaux produits par le LEIR. L’étude de faisabilité, qui examine notamment la possibilité d’utiliser l’installation pour tester des détecteurs, est bien avancée, mais le projet a besoin de recueillir des fonds pour pouvoir être mis en œuvre. « Aujourd’hui, la radiothérapie est utilisée pour environ 50 % des personnes traitées contre le cancer, explique Michael Baumann. Il nous faudra toutefois encore faire beaucoup de recherche pour réaliser de nouveaux progrès, et pour cela, il est crucial de disposer d’un laboratoire central qui fournisse des faisceaux présentant différentes caractéristiques et respectant les spécifications requises pendant le temps nécessaire. Cela est possible au CERN, grâce aux installations existantes et aux compétences reconnues du Laboratoire. »

Au fil des années, de nombreux instituts de recherche, universités et hôpitaux ont développé leurs propres stratégies, ce qui a mené à la situation actuelle, une situation inégale où toutes les installations ne sont pas à la pointe. « Nous avons besoin de créer un réseau international qui réunisse toutes les équipes concernées, mais, en parallèle, nous devrions nous consacrer aussi au développement de solutions techniques plus abordables et moins volumineuses pour la thérapie par faisceaux de particules. Celles-ci pourraient alors être utilisées pour traiter au mieux un plus grand nombre de personnes », ajoute Michael Baumann.

Lors de sa première réunion, le comité nouvellement établi s’est également penché sur certaines des difficultés concrètes rencontrées dans le domaine de la thérapie par faisceaux de particules, notamment la thérapie par faisceaux guidée par l’imagerie – une technique de pointe. « Cette technique n’est pas encore possible pour nous, mais elle est utilisée par contre dans la thérapie par photons conventionnelle, explique Michael Baumann. La science fondamentale, l’ingénierie, et bien sûr la médecine sont particulièrement concernées par le développement de cette possibilité. Dans ce cadre, nous avons donc besoin des compétences précieuses de laboratoires tels que le CERN. »

Le comité prévoit de créer des groupes de travail pour régler certaines des questions abordées lors de la réunion, laquelle a eu un résultat très concret : la décision d’organiser une réunion à Bruxelles au printemps 2015, qui rassemble ESTRO, ENLIGHT, des centres européens de thérapie par faisceaux de particules, différents instituts et réseaux actifs dans le domaine de la radiothérapie, ainsi que le CERN, en vue de déterminer comment faire en sorte que toutes les parties travaillent en harmonie. Cette étape est nécessaire avant d’entreprendre des activités spécifiques de collecte de fonds pour des projets communs, qui, grâce à une meilleure stratégie, aideront une communauté plus vaste à lutter contre le cancer.

par Antonella Del Rosso