Le CERN, l’UNESCO et le Rwanda

Le CERN entretient déjà des relations très fécondes avec certains pays d’Afrique. Il reste cependant beaucoup à faire pour renforcer le dialogue avec ce continent. Dernièrement, une équipe du CERN s’est rendue au Rwanda pour transmettre son savoir-faire et ses technologies: l’occasion pour Cernois et Rwandais d’établir des liens durables.


Jean-Yves Le Meur (deuxième en partant de la droite), du département IT, apprend aux participants à installer le logiciel de bibliothèque numérique sur leurs ordinateurs.

La recherche en physique n’est pas la seule mission du CERN, qui a également pour vocation d’encourager la formation et la collaboration internationales. Dernièrement, grâce à un financement de l’UNESCO, le service d’Information scientifique du CERN a pu se rendre au Rwanda pour y enseigner l’utilisation de son logiciel de bibliothèque numérique et le groupe Éducation a organisé un cours de formation de deux jours destiné à des professeurs du secondaire.

«De nombreux pays africains sont en train de numériser leurs bibliothèques, explique John Ellis, coordinateur du CERN pour les relations avec les États non-membres. En septembre, le CERN a organisé un atelier au Rwanda pour permettre aux bibliothécaires de se familiariser avec notre logiciel bibliothèque dans l’idée que cet outil pourra être utilisé et ‘cloné’ dans des pays comparables.»

L’un des organisateurs de cet atelier, Jens Vigen, chef du service Information scientifique du CERN, nous raconte à quel point cette expérience a été enrichissante: «Les bibliothécaires africains sont tout à fait conscients des avantages de la numérisation et de l’importance de la publication en libre accès, mais ils ont besoin de se former et d’échanger des informations. La communauté des physiciens des particules est un moteur des développements dans le domaine et nos collègues qui travaillent dans les bibliothèques universitaires aimeraient mettre à profit nos expériences. Le logiciel bibliothèque que nous utilisons a été développé par le CERN. C’est un logiciel gratuit, conformément aux objectifs du CERN en matière de transfert de connaissances et de technologies». Si le Rwanda a été choisi, c’est parce qu’il est fortement informatisé.

Une trentaine de bibliothécaires et d’informaticiens ont participé à ce programme, qui s’étendait sur cinq jours et s’articulait autour de deux grands thèmes: les principes du libre accès, présentés par Jens Vigen, et les aspects plus techniques, exposés par Jean-Yves Le Meur, du département IT. Gâce à des exercices pratiques, tout le monde a appris à installer et à paramétrer le système puis a pu soumettre quelques documents. «Les universités et les instituts font maintenant partie de l’Academic Repository of Rwanda, une plateforme similaire au serveur de documents du CERN (CDS), qui est gérée depuis l’Institut des sciences et de technologie de Kigali (KIST). Nos collègues africains disposent d’un nombre important de thèses sous forme numérique sur les thèmes les plus variés. Lorsqu’ils les intégreront dans leur nouvelle base de données, ces travaux de recherche pourront être consultés dans le monde entier. Les bibliothécaires aimeraient également intégrer du matériel venant du CERN, comme les conférences données dans le cadre de l’enseignement académique et les Rapports jaunes», explique Jens Vigen. L’objectif est de mettre sur pied un programme pouvant être géré de façon autonome au niveau local.

Parallèlement à cet atelier, un cours-pilote de deux jours consacré à la physique moderne a été organisé à l’intention des enseignants du secondaire. Dix-sept professeurs venant de tout le pays y ont participé. Rolf Landua, qui a organisé cette formation, explique: «Le Rwanda a été choisi parce que son infrastructure de télécommunication est relativement avancée; le pays jouit d’une certaine stabilité depuis maintenant 15 ans et le CERN entretient des relations étroites avec son ancien ministre de l’éducation. Le but est de permettre aux professeurs de sciences d’aborder la physique moderne d’une façon qui puisse motiver et inspirer les jeunes étudiants afin de les encourager à se lancer dans des études scientifiques.

« Pour la prochaine étape, le CERN invitera trois professeurs rwandais à participer à un cours pour enseignants d’une semaine, qui se déroulera au sein du Laboratoire. À leur retour, ils seront des ambassadeurs de la physique moderne dans leur pays, où ils organiseront et dispenseront des cours similaires. Nous resterons en contact avec eux par vidéoconférence grâce au réseau de fibre optique de l’Afrique de l’Est, dont bénéficient trois centres éducatifs régionaux du pays.»

Carolyn Lee