Célébrer l’aventure scientifique

La semaine dernière, nous avons eu le plaisir de recevoir la visite de l’équipage de la mission STS-134, le dernier voyage de la navette spatiale Endeavour, qui a amené le détecteur AMS jusqu’à la Station spatiale internationale en mai 2011. Ce fut l’occasion de remercier les astronautes pour une réussite exemplaire, et de réfléchir sur la complémentarité de la physique des particules spatiale et du programme de recherche sur Terre, ou souterrain.

 

Comme l’a déclaré le porte-parole d’AMS, Sam Ting, sa collaboration veut prendre le temps d’analyser soigneusement les données avant d’annoncer des résultats. Pourquoi ? Parce qu’AMS est unique en son genre, et qu’il est peu vraisemblable qu’un autre AMS soit envoyé dans l'espace prochainement. C’est pourquoi la collaboration AMS veut être sûre de ses mesures, car il n’y a pas d’autre expérience spatiale qui permettrait de les confirmer ou de les réfuter.

Cette prudence est de mise. Il y a certaines mesures d’AMS qui ne peuvent être effectuées que dans l’espace. Ainsi, si AMS annonce la détection d’un atome d’anticarbone, qui indiquerait la présence d’anti-étoiles et d’anti-galaxies, le seul endroit où l’on pourrait obtenir une deuxième mesure est dans l’espace. Les expériences au sol ne verraient rien. Par contre, si AMS observe des particules candidates à la matière noire, cela orienterait les recherches pour le programme au sol, réalisé dans des accélérateurs tels que le LHC. Il y a ainsi une grande complémentarité entre les expériences, sur des domaines de physique très variés, et c’est pourquoi AMS se combine harmonieusement avec les installations du CERN.

Les astronautes ont eu la générosité de donner un séminaire au CERN, à l'occasion de leur visite, et malheureusement, tous ceux d’entre vous qui le souhaitaient n'ont pu être admis dans la salle. Notre amphithéâtre a été construit pour un laboratoire plus petit que ce qu'est devenu le CERN, il est donc inévitable que, pour des événements exceptionnels comme ce séminaire du 4 juillet, sa capacité soit insuffisante. J’espère cependant que beaucoup des personnes n'ayant pas pu rentrer sont parvenues à suivre le séminaire par webcast, ou dans une autre salle.

Les astronautes étaient accompagnés de membres de leur famille : nous avons ainsi pu accueillir Mme Gabrielle Giffords, ex-membre du Congrès des États-Unis, qui est aussi la femme de Mark Kelly, commandant de la mission. Il s’agissait du premier voyage en dehors des États-Unis de cette personnalité depuis la tentative d'assassinat dont elle a été victime l'année dernière. Nous sommes très honorés qu’elle ait choisi le CERN pour ce premier déplacement à l’étranger. Le professeur Ting l’a remerciée pour le rôle qu’elle a joué dans le projet AMS, et je voudrais ajouter mes propres remerciements pour l’intérêt qu’elle a toujours manifesté pour l’aventure scientifique en général, aussi bien que pour l’aventure spatiale de la navette Endeavour.

Rolf Heuer