Vers un dialogue élargi

Cette semaine, j’ai eu la chance de prendre part à une réunion organisée par l’organisation Wilton Park, consacrée aux trois visions du monde très différentes que représentent la science, la philosophie et la théologie. Wilton Park est une organisation qui a pour but d’offrir un cadre d’échanges et de réflexion sur les grandes questions politiques au niveau mondial ; au fil des années, elle a acquis une place éminente et les rapports qu’elle publie font autorité. Le principe est de réunir des experts internationaux pendant deux jours pour débattre de sujets d’actualité.

 

La participation se fait sur invitation, et il n’y a pas d’observateurs : chaque participant est là parce qu’il a quelque chose à apporter au débat. Les rapports de Wilton Park, aujourd’hui comme hier, sont en phase avec l’esprit du temps, ce qui est logique pour une institution née de la volonté de Winston Churchill de promouvoir la réconciliation et le dialogue dans l’Europe d’après-guerre.

Quand j’ai appris que Wilton Park organisait une série de réunions sur le thème du rôle de la religion dans la société moderne, et qu’elle envisageait d’organiser l’une de ces réunions en Suisse, j'y ai vu une occasion à saisir. À première vue, croyance et méthode scientifique pourraient sembler relever de démarches fondamentalement incompatibles, et pourtant, parmi les lauréats du prix Templeton, en 40 ans, on compte plus de scientifiques que de théologiens. Beaucoup de scientifiques sont croyants, réconciliant ainsi dans leur esprit des façons très différentes de voir le monde.

C’est pourquoi nous avons travaillé avec Wilton Park à concevoir une réunion où pourrait être examinée la question fondamentale de savoir si un langage commun pourrait être trouvé, pour ouvrir la voie à un dialogue enrichissant entre scientifiques, philosophes et théologiens. J’ai rapidement découvert que la tâche ne serait pas aisée. Même des choses aussi simples que la signification des mots « comment » et « pourquoi » peuvent donner lieu à des interprétations différentes. Néanmoins, la réunion a été stimulante et, à mon avis, ses conclusions seront très précieuses pour la science et pour le développement humain. La religion est sans doute une affaire très personnelle. Il est indubitable qu’une grande part des habitants de la planète se considère comme croyante. Je crois fermement que, quelles que soient nos propres convictions de scientifiques, c’est notre devoir moral d'ouvrir un dialogue. C'est pourquoi j'attends avec impatience le rapport de la réunion organisée par Wilton Park – même si je n’envie pas la tâche du rapporteur – qui devrait être publié d'ici un mois, et le livre électronique qui sera publié ultérieurement.

Rolf Heuer