Définir les priorités

La semaine dernière, le Groupe sur la stratégie européenne s’est réuni à Erice (IT) pour élaborer, en s’appuyant sur d’innombrables échanges et des mois de discussion, un document concis définissant une stratégie actualisée pour la physique des particules européenne. Le résultat est un document qui sera présenté pour discussion au Conseil le mois prochain, avant une approbation définitive par le Conseil lors d’une session spéciale qui aura lieu à Bruxelles le 29 mai. Le processus d’élaboration d’une stratégie européenne pour la physique des particules, commencé en 2005, a joué un rôle important, et son importance est encore accrue aujourd’hui, après des découvertes majeures, et à l’heure où s’annonce un bouleversement du paysage mondial de la discipline.

 

Le projet de mise à jour de la stratégie, disons-le tout de suite, ne contient guère de surprises, mais certains points importants devront néanmoins être examinés par le Conseil. La première des priorités est, bien entendu, la pleine exploitation du potentiel du LHC, mais la stratégie va plus loin, puisqu’il est dit clairement que la priorité essentielle pour l’Europe devra être la transformation du LHC en machine à haute luminosité. Parmi les autres éléments prioritaires, citons la recherche et développement sur les accélérateurs, qui devra assurer le futur à long terme de la discipline. S’agissant d’un projet dont on a beaucoup parlé, prévoyant l’accueil par le Japon d’un Collisionneur linéaire international, le Groupe sur la stratégie a adopté une approche pragmatique et attend avec intérêt les propositions du Japon sur la façon dont les autres régions du monde pourraient participer. La mise en place d’un programme neutrino d’envergure en Europe, et la participation de l’Europe aux grands projets neutrino situés aux États-Unis et au Japon sont autant d’autres priorités.

Les questions non scientifiques ont également une place de choix dans la stratégie. Ainsi, le modèle organisationnel que représente le CERN a été qualifié de bon modèle pour la science internationale, et la première recommandation du document d’orientation stratégique est de le conserver. La stratégie propose également, sans ambiguïté, que le CERN soit l’instrument de la participation européenne aux projets mondiaux de physique des particules, où qu’ils se situent dans le monde. Je suis également heureux de constater que le Groupe sur la stratégie a donné aux échanges avec la société civile toute la place qui leur revient, soulignant le rôle de la communication, de l’éducation et du transfert de technologies.

Ce bref résumé reflète mon point de vue personnel sur le document, qui contient des recommandations sur de nombreux autres sujets touchant aux aspects scientifiques ou organisationnels. Bien sûr, chacun d'entre nous retiendra de cette mise à jour tel ou tel aspect qui le touche plus particulièrement. Néanmoins, nous pouvons tous reconnaître que le Groupe sur la stratégie a accompli un travail exceptionnel, qui pourra alimenter les discussions lorsque les délégués au Conseil se réuniront au CERN en mars prochain.

Rolf Heuer