CMS se prépare à de nouveaux défis

L’une des plus grandes expériences de physique du monde vient de changer son équipe de direction. C’est l’occasion pour la collaboration de faire le bilan du travail énorme accompli pour le premier long arrêt technique et de se préparer aux défis à venir.

 

De gauche à droite : Kerstin Borras, Tiziano Camporesi et Paris Sphicas.

« Le mot-clé est “travail d’équipe”. C’est le seul moyen de gérer de façon efficace un grand nombre de personnes toutes extrêmement talentueuses et motivées », déclare Tiziano Camporesi, qui vient de prendre les rênes de la collaboration CMS en ce début d’année. Plus facile à dire qu’à mettre en pratique. Mais après 28 ans passés au CERN, dont deux à la tête de la collaboration DELPHI, Tiziano Camporesi a une grande expérience de la gestion de grandes collaborations scientifiques et le succès dans ce domaine pourrait être à sa portée : « J’ai beaucoup appris des expériences passées, et je suis convaincu que savoir construire des consensus est essentiel pour diriger un projet. »

La collaboration CMS compte plus de 2500 participants, rattachés à 182 institutions du monde entier. 30 % des contributions environ viennent des États-Unis. Paris Sphicas, nouveau porte-parole adjoint de CMS, aujourd’hui physicien du CERN et professeur à l’Université d’Athènes, travaillait aux États-Unis quand, selon ses propres mots « les physiciens des États-Unis ont commencé, en 1994, à se tourner vers l'Est. » Et de poursuivre : « Aujourd’hui, CMS est véritablement un projet mondial. Malgré la complexité des défis, nous avons eu une très bonne performance. Maintenant, il s’agit de continuer à faire aussi bien ! »

Au cours du premier long arrêt, l'expérience CMS a fait l’objet d’une rénovation complète. « Parallèlement aux travaux de réparation planifiés, nous avons amélioré la capacité de détection de muons en ajoutant de nouvelles couches aux détecteurs de muons afin d’obtenir une couverture plus précise et plus large, explique Tiziano Camporesi. Nous avons également amélioré notre système d’acquisition de données, le système de déclenchement, et la structure d’analyse en différé. »

Tout semble prêt pour le redémarrage du LHC prévu dans moins d’un an. « Nous savons déjà ce qui nous attend : les nouvelles données seront beaucoup plus difficiles à analyser du fait d’un environnement plus rude : énergies plus élevées, empilement accru des événements, et multiplicité », explique Kerstin Borras, physicienne au laboratoire DESY, en Allemagne, et nouvelle porte-parole adjointe de CMS. Nous devrons être beaucoup plus efficaces que lors de la première exploitation. S’il existe une nouvelle physique, nous pensons que nous pourrons voir des signaux intéressants dès les premières semaines d’exploitation. »

En janvier prochain, les membres de la collaboration CMS seront parmi les premiers scientifiques au monde à pouvoir observer le tout début de l’Univers grâce à un appareillage inédit. L’enthousiasme est tangible, mais le sentiment général est que tout cela ne constitue qu'une étape sur la voie de nouveaux progrès. Une grande partie des membres de la collaboration travaillent déjà sur les améliorations importantes qui permettront de préparer le détecteur CMS à la deuxième phase du LHC (HL-LHC). « Nous comptons sur les jeunes pour bâtir l’avenir de la collaboration, conclut Tiziano Camporesi. Ces jeunes très talentueux sont à la base de tout. Nous autres, membres de la Direction, nous pouvons être remplacés, eux non ! »


Regardez l'interview vidéo de la Direction de CMS
réalisée par Achintya Rao (en anglais) :

par Antonella Del Rosso