Le coin de l'Ombuds : dans l'air du temps ?!

Le matin, quand vous vous levez, vous allez sur internet avant de prendre votre café ? Vous posez votre téléphone portable à côté de votre assiette quand vous mangez ? Vous avez l'impression désagréable d'être complètement désorienté et désœuvré quand vous vous déconnectez d'internet ? Ces situations qui, il y a quelques années, auraient pu paraître improbables, sont devenues habituelles, dans l'air du temps.

 

« Je me connecte, donc je suis » semble être la nouvelle version de la célèbre phrase de Descartes. La possibilité qu’offre la technologie d’être connecté dans le monde entier, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, fait maintenant partie de notre vie quotidienne et nous apprécions tous d’avoir des connaissances à portée de main et de pouvoir communiquer d’un bout à l’autre de la planète presque instantanément.

Dans le monde du travail, cette évolution a entraîné une flexibilité et une disponibilité qui ont complètement changé notre manière de travailler et d’interagir les uns avec les autres. Cette connectivité constante nous permet d’organiser nos vies différemment ; ainsi, nous travaillons plus longtemps quand nous en avons besoin pour respecter les délais et nous ajustons nos emplois du temps, à la fois au travail et à la maison, pour répondre aux exigences de notre travail.

Même si ce type de flexibilité est extrêmement important à certains moments, en particulier durant les périodes de surcharge au travail, nous avons tendance à oublier que cela peut très vite déboucher sur une attente de disponibilité constante. Cette disponibilité constante peut alors devenir la norme sur le lieu de travail : que nous soyons au travail ou non, nous avons l’impression que les questions liées au travail doivent être traitées immédiatement et que, si nous ne le faisons pas, cela risque d’être mal vu.

Ces attentes tacites ou implicites donnent l'impression qu'être « hors ligne » revient à perdre son temps et que ce n'est pas productif. Se déconnecter pendant le spectacle de l'école de ses enfants ou pendant un week-end de fête en famille provoque un sentiment de culpabilité. Et si un collègue ou un membre de la hiérarchie décide de ne pas consulter sa messagerie électronique pendant les soirées ou le week-end, on en vient à penser que c’est un manque d’engagement de sa part dans son travail ou sa fonction.

La forte pression de ces normes tacites peut mener à des comportements qui remettent directement en cause l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les vacances et les week-ends ont justement pour but d’assurer une coupure, un changement d'activité. Le fait de se reposer et de rompre avec le rythme du travail permet de revenir travailler avec une énergie renouvelée et d’être ainsi plus productif et plus efficace.

Alors que peut-on faire pour résister à la tentation de vérifier constamment sa messagerie ? Déjà, se poser quelques questions simples : est-ce un problème urgent qui doit être réglé immédiatement ? La réponse à ce courriel qui arrive tard le soir peut-elle attendre jusqu’à demain ? Y aura-t-il des conséquences sérieuses si je me déconnecte ce soir ? Et, ce qui est tout aussi important : si je ne me déconnecte pas, quelles seront les conséquences pour les autres ? Quelles attentes tacites mes collègues ont-ils quant à ma disponibilité ?

Et bien sûr, pour ceux d’entre vous qui ont des fonctions de direction, pourquoi ne pas montrer l’exemple ? Commencez par vous interroger sur vos propres habitudes… Vous pourriez ensuite lancer des discussions dans votre équipe afin d’expliciter les attentes des uns et des autres et de créer une culture de travail qui soit à la fois productive et efficace tout en respectant l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Pourquoi ne pas remettre en cause certaines de ces habitudes qui sont un signe des temps et, qui sait… peut-être que la prochaine fois que vous vous réveillerez à deux heures du matin et que vous saisirez votre portable pour vérifier votre messagerie, vous y penserez à deux fois… et choisirez plutôt de rester « déconnecté » en attendant de revenir au bureau le lendemain, bien reposé, frais et prêt à vous « reconnecter » !

 



« Tant qu’on ne sait pas gérer le temps,
on ne peut rien gérer d’autre.
»

Peter F. Drucker
 


 

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N.B. : vous pouvez retrouver tous les « Coins de l’Ombuds » sur le blog de l’Ombuds.

par Sudeshna Datta-Cockerill