Bernard Hyams (1925 - 2015)

Bernard Hyams, éminent scientifique ayant travaillé au CERN pendant 32 ans, s’est éteint le 15 mai 2015, à l’âge de 90 ans.

 

 

Bernard Hyams commence sa carrière à Manchester (Royaume-Uni), dans le laboratoire de Patrick Blackett, où il travaille à la mise au point d’un spectrographe magnétique pour mesurer l’impulsion des rayons cosmiques individuels (1950). Par la suite, à la tête d'un groupe de l'Université de Manchester, il installe une expérience sur les rayons cosmiques à l’observatoire du Pic du Midi, en France.

Il rejoint le CERN en 1958, où il mène l’une des premières expériences auprès du PS, et démontre que, suite à la désintégration du pion, le spin du muon se comporte comme prédit. Après avoir étudié la désintégration des mésons vecteurs en paires de muons, il consacre plusieurs années aux mesures de précision des pions.

Au début de l’année 1971, quand les anneaux de stockage à intersections (ISR) entrent en service, on prend conscience qu’aucune expérience du Laboratoire n'est encore en mesure de détecter les quarks. Cruel constat quand on pense que les ISR devaient être une « machine à découvertes ». Bernard agit alors avec décision et apporte son soutien à une petite équipe de physiciens, jeunes pour la plupart, qui propose une expérience d’une relative simplicité pour confirmer l’existence présumée de ces particules, dont beaucoup s’attendaient à ce qu’elles soient découvertes par les ISR. Sous sa direction, l'expérience est très rapidement approuvée par le Comité des ISR, à la surprise d'un grand nombre de personnes.

Au début des années 1980, Bernard Hyams est le premier à utiliser les microrubans de silicium pour la mesure haute-précision des vertex dans les collisionneurs, notamment pour le détecteur DELPHI. Au cours d’une année sabbatique passée au SLAC, il développe, en collaboration avec Sherwood Parker et James Walker, une puce VLSI pour la lecture des microrubans, qui permet la construction de détecteurs de vertex compacts, pour les expériences menées auprès de collisionneurs.

L’expérience DELPHI est lancée, et une partie de son détecteur de microvertex est utilisée pour acquérir des données durant la première période d’exploitation du LEP, en août 1989. Le dispositif est achevé pour la période d'exploitation suivante en 1990, et reçoit par la suite plusieurs améliorations. Tout en continuant ses travaux de recherche, Bernard dirige la Division Physique expérimentale du CERN de 1984 à 1987. Il prend sa retraite en avril 1990, après 32 ans de carrière au Laboratoire.

En 2002, 12 ans après avoir pris sa retraite, il est nommé professeur honoraire auprès de l’Institut de physique nucléaire de Cracovie (Pologne), pour le rôle qu’il a joué dans l’établissement d’une collaboration entre des physiciens cracoviens et des expériences contemporaines du CERN.

Parler d’un projet de physique avec Bernard était toujours un grand moment. Son esprit brillant en saisissait immédiatement les aspects essentiels. Il suggérait des améliorations ou, quand il le fallait, formulait des critiques, toujours avec une touche d’humour si britannique, une façon merveilleuse et fort instructive de former les physiciens en herbe.

Bernard était toujours attentif aux émotions des autres, et aimait à l'évidence l'ambiance stimulante qui régnait parmi les chercheurs du CERN, tout comme il aimait interagir avec ses collègues les plus jeunes. De nombreuses personnes lui demandaient conseil, surtout au moment de prendre une décision difficile, sensibles à la sagesse et la bonté avec lesquelles il émettait une opinion sur les autres. Il était juste en toutes circonstances et ne cherchait jamais à se placer sous les projecteurs ; il préférait travailler dur, discrètement, pour le bien de la collaboration. C’est un honneur de l’avoir connu et d’avoir travaillé à ses côtés. Son influence est allée bien au-delà du CERN, et ses collègues, où qu'ils soient, se souviendront de lui comme d'un grand ami qui leur manquera beaucoup.

Bernard était très attaché à sa famille, de sa femme Hanna à sa petite-fille Solongo. Il a suivi avec affection la carrière de psychothérapeute de sa femme, et est resté auprès d’elle autant que possible durant sa longue maladie. Il est décédé un mois seulement après sa chère épouse, entouré de sa famille.

Nous adressons toutes nos pensées et notre sympathie à la famille de Bernard Hyams, ainsi qu’aux nombreuses personnes qui ont travaillé longtemps à ses côtés.

Ses amis et collègues