Frank Krienen (1917-2008)

Amsterdam, été 1952 : les premières recrues pour le projet Synchro-cyclotron de 600 MeV du CERN font la connaissance de Frank Krienen. Jeune assistant du professeur C.J. Bakker à l’Institut de physique, il devient rapidement le cerveau pour les aspects les plus audacieux du projet et crée le circuit modulateur de fréquence à diapason.

Durant toute la phase de construction de l’accélérateur, Frank est un chef respecté et enthousiaste : à la fois un grand frère et un mentor exigeant. Par la suite, il se consacre au développement d’accélérateurs de particules, en particulier de chambres à étincelles utilisant différents systèmes de lecture. Puis, il prend activement part à la fameuse expérience « g-2 » au CERN.

La contribution de Frank à la dernière expérience sur le moment magnétique anormal du muon (g-2) réalisée au CERN (1969-1977) a été fondamentale à plus d’un titre. Ses travaux ont en effet été remarquables pour la mise au point de nombreuses solutions innovantes à la base de cette expérience. Il a notamment été responsable de la construction et de la mise en service des quadrupôles électriques assurant la focalisation verticale du faisceau de muons dans l’anneau de stockage. Les collègues de Frank travaillant sur l’expérience g-2 ont apprécié non seulement ses compétences techniques, mais aussi son originalité pour proposer de nouvelles solutions ainsi que sa forte personnalité. C’était un ami formidable.

Frank participe ensuite à un projet de refroidissement d’antiprotons « à la Budker » à l’aide d’un faisceau intense d’électrons. Ce procédé n’a pas été utilisé pour la première version de la source d’antiprotons, mais a été exploité par la suite dans l’anneau de basse énergie LEAR. Après le CERN, Frank termine sa longue et intense carrière à Stanford et Brookhaven, où il poursuit ses travaux sur le nouveau programme g-2. Sa contribution est importante : on lui doit notamment la mise au point d’un astucieux dispositif d’inflexion – une avancée décisive pour l’expérience.

Établi successivement en Californie et en Nouvelle-Angleterre, Frank a vécu ensuite pendant des années en Floride et voyageait régulièrement pour mener ses nombreuses activités scientifiques et privées. Il se rendait souvent en Europe et au CERN, où ses collègues étaient toujours ravis de l’accueillir. Doté d’un esprit curieux et insatiable, Frank possédait une excellente formation aussi bien en physique qu’en ingénierie. Il est resté actif jusqu’au bout, bien au-delà de son 90e anniversaire. Les affres de la vieillesse lui auront été épargnées : un tragique accident de la route a mis fin à ses jours le 20 mars 2008, à Amsterdam.

Frank restera gravé dans la mémoire de ses nombreux amis, qui considèrent comme un privilège d’avoir pu côtoyer un homme aussi exceptionnel. Tous ses collègues et amis du CERN présentent leurs sincères condoléances à Anneke, sa femme, et à Fenna et Frankie, ses deux enfants.

Ses amis du CERN