Activateurs de projets

Vous avez peut-être remarqué dans l’organigramme du CERN, au niveau du Directoire, un cadre en pointillé comportant trois noms. Il s’agit du bureau du Directoire, dont la mission est pour l’essentiel d’améliorer la communication entre secteurs et départements. Le Bulletin a eu le plaisir de rencontrer les trois membres de ce bureau autour d’une tasse de café.



Isabel Béjar Alonso, Ewa Rondio et Emmanuel Tsesmelis sont tous les trois des physiciens dotés d’une longue expérience du CERN et de la communauté de la physique des particules. Suivant l’exemple du laboratoire DESY, Rolf Heuer a décidé que ces trois personnes constitueraient le Bureau du Directoire, inédit au CERN. «Notre rôle est d’apporter un appui au Directeur général et aux trois directeurs, explique Emmanuel Tsesmelis. Nous ne jouons pas un rôle de direction, mais un rôle de conseil, et nous leur apportons des éléments pour les aider à prendre des décisions. Nous recueillerons les informations utiles dans l’ensemble du Laboratoire pour les leur transmettre. Nous pourrons aussi proposer de nouvelles idées, de nouvelles initiatives, et assurer le suivi des décisions.» Une autre tâche importante est d’améliorer la communication à tous les niveaux. «Nous nous efforcerons d’améliorer les flux de communication et la collaboration entre les secteurs (Recherche et informatique, Accélérateurs et technologie, Administration et infrastructure générale) afin que l’information circule, explique Isabel Béjar Alonso. Nous espérons créer ainsi de nouvelles synergies et accélérer les processus de prise de décision.»

«Un exemple pratique de notre rôle au sein de l’Organisation, continue Isabel Béjar Alonso, est l’organisation de l’atelier «New opportunities in the physics landscape», qui se tiendra au CERN en mai. Il répond au souhait du Directeur général de diversifier le programme de physique au-delà du LHC.» «L’atelier permettra de recueillir de nouvelles idées pour des projets de physique innovants, essentiellement des projets fondés sur des accélérateurs, mais pas seulement, précise Ewa Rondio. Nous inviterons des intervenants du monde entier à venir au CERN, à présenter leur expérience et à analyser avec le public les perspectives pour l’avenir, en s’interrogeant sur ce qui est adapté à notre Laboratoire et sur ce qui peut être fait ailleurs.» «L’organisation de cet atelier est un exemple modeste, mais parlant, du rôle du Bureau du Directoire, car le Directeur général et les directeurs devront échanger avec nous suggestions et informations, explique Emmanuel Tsesmelis. D’un point de vue général, ils peuvent nous déléguer une partie du travail nécessaire pour mettre leurs idées en pratique.»

Pour accomplir sa mission, le Bureau du Directoire devra avoir la confiance des départements. «Nous sommes tous très ouverts et très accessibles, dit Isabel Béjar Alonso. Entre les trois, il y aura toujours quelqu’un de 7 h du matin à 7 h du soir.» «Nous nous adapterons aux besoins du Laboratoire; il sera peut-être plus facile de venir nous parler que d’aller voir le Directeur général, ajoute Ewa Rondio. «Si une personne au CERN souhaite être conseillée ou porter un point particulier à l’attention du Directoire, elle peut s’adresser à nous», confirme Emmanuel Tsesmelis.

Ils viennent à peine de prendre leurs fonctions, mais parlent déjà d’une seule voix. S’ils sont tous physiciens, ils proviennent d’horizons différents et ont des spécialisations différentes. Cette diversité sera un enrichissement pour le Bureau du Directoire. « J’ai fait partie de la communauté des utilisateurs pendant de nombreuses années, jusqu’à tout récemment, explique Ewa Rondio. Je connais la situation des milliers de scientifiques qui utilisent chaque jour l’infrastructure du CERN sans faire partie du personnel.» «Avec mon expérience de l’administration et des ressources humaines, ajoute Isabel Béjar Alonso, j’aurai un regard plus axé sur les personnes, et je serai particulièrement attentive à la gestion des ressources.» «Quant à moi, je m’intéresserai tout particulièrement à la valeur scientifique des mesures proposées», indique Emmanuel Tsesmelis.

Les cinq prochaines années compteront sans doute parmi les plus riches en événements de l’histoire du Laboratoire. Si cette perspective est enthousiasmante, le CERN devra certainement faire face à de nouveaux défis. Comment imaginent-ils le CERN à la fin de leur mandat? «Tout d’abord, le LHC aura produit une multitude de résultats de physique, qui auront changé notre vision de l’Univers, répond Emmanuel Tsesmelis. En dehors du LHC, nous aurons un laboratoire plus riche, où de nouvelles idées auront fleuri.» «J’espère que, dans cinq ans, le CERN sera plus ouvert sur la communauté des physiciens et sur la société, grâce à un transfert de connaissances plus efficace», ajoute Ewa Rondio. «Le CERN sera un pôle d’attraction pour les meilleurs spécialistes de la physique et de la technologie», conclut Isabel Béjar Alonso.

Isabel Béjar Alonso

Arrivée au CERN en 1996 à l’âge de 24 ans, Isabel Béjar Alonso est une physicienne (physique appliquée) qui s’est très vite intéressée à la gestion des projets et aux ressources humaines.

Membre du département technique (ST, puis TS), elle a travaillé à la gestion de l’administration et du personnel assumant divers rôles: gestion des contrats, déléguée départementale EVM (Earned Value Management) ou responsable qualité. Elle a également mené à bien des missions techniques en étant coordinateur de l’infrastructure technique pour ATLAS ou coordinateur de la réinstallation de la ligne cryogénique du LHC (QRL) sur le secteur 7-8.

Déléguée départementale à la formation, elle a représenté le département TS au sein des comités de recrutement d’étudiants et de boursiers. Elle a également représenté la Direction lors de l’examen quinquennal des conditions d’emploi en 2004. En tant que responsable de ressources humaines, elle a participé à la restructuration des groupes et des unités dans le département TS, en mettant en œuvre des plans financiers et des procédures pour réduire les coûts.

Plus récemment, elle est devenue chef du groupe de l’administration et de la sécurité de TS.

Ewa Rondio

La spécialité d’Ewa, c’est la physique expérimentale des particules. Avant de prendre cette nouvelle responsabilité au CERN, elle a travaillé à l’Institut Soltan pour les études nucléaires en Pologne. Elle a également une longue et riche expérience dans l’enseignement de la physique aux étudiants de l’Université de Varsovie. Elle a été impliquée dans plusieurs expériences au CERN (NA37, NA47, NA58 et, plus récemment, NA61) et dans beaucoup d’autres laboratoires autour du monde, tels que le Nikhef et le Gran Sasso.

Elle a été associée scientifique au CERN de 1996 à 1998, mais elle a réalisé plusieurs séjours au CERN depuis 1983. En 2005, elle a contribué à l’élaboration du dossier de participation de la Pologne à l’expérience T2K au Japon.

Depuis 2005, Ewa représente la Pologne au Comité restreint de l’ECFA et, en 2006, elle était membre du groupe préparatoire pour le document du Conseil du CERN sur la stratégie européenne pour la physique des particules.

Emmanuel Tsesmelis

Emmanuel Tsesmelis est un physicien expérimental des particules dont la carrière touche à la recherche scientifique, l’enseignement, la communication de la science, les relations extérieures et la gestion aussi bien au CERN, que dans plusieurs universités.

Il a poursuivi ses études à Athènes, Melbourne et Dortmund. À l’Université de Dortmund, il a travaillé sur l’expérience UA2 du CERN, s’intéressant plus particulièrement à la recherche du boson de Higgs dans la désintégration du quark top.

De 1993 à 1998, Emmanuel Tsesmelis a travaillé au programme des neutrinos du CERN en tant que membre des collaborations NOMAD et SPY et sur les phases de conception de CNGS, en étant en particulier responsable de la prédiction et des mesures expérimentales du faisceau de neutrinos.

Emmanuel Tsesmelis a également été coordinateur pour le programme de physique du SPS et du PS pour la période 1997-1998 avant de rejoindre la collaboration CMS en 1998. En 2005, il a été nommé responsable des zones d’expérimentation du LHC. À partir de 2004, il a conseillé le directeur général sur des relations avec les États non-membres, et a récemment également été le porte-parole du groupe des «Neuf». En ce qui concerne les futurs projets du CERN, il mène depuis 2008 le groupe de travail sur l’interface machine-détecteur de CLIC.

Emmanuel Tsesmelis s’est également consacré à l’enseignement et à la communication de la science à l’Institut John Adams pour la science des accélérateurs de l’Université d’Oxford et à l’Université Royal Holloway de Londres.