Quand la science et l’art entrent en collision

Au fil des ans, le CERN a inspiré des artistes, servi de toile de fond à des romans et à des films, accueilli des festivals de musique et de cinéma et même des productions théâtrales. Il ne fait aucun doute qu’être au CERN est source d’inspiration, tant pour ceux qui y travaillent que pour ceux qui viennent visiter. Pourtant, le CERN ne dispose pour l’instant d’aucun cadre officiel pour promouvoir sa dimension culturelle. C’est pourquoi Ariane Koek s’attache à mettre sur pied une politique culturelle pour le CERN, par laquelle l’imagination des scientifiques rencontrerait celle des artistes.

« Ce que j’aime dans le CERN, c’est qu’il représente la collaboration internationale, l’ouverture et la créativité, déclare Ariane Koek, ici, on ose penser l’impossible et travailler à le rendre possible. » A. Koek, qui a été, entre autres, productrice d’émissions culturelles à la BBC et a dirigé une association de création littéraire, est au CERN depuis trois mois dans le cadre d’un programme de bourses d’une institution britannique – la Clore Duffield Foundation.

« Chaque année, une vingtaine de personnes considérées comme leaders dans le domaine culturel, bénéficient d’une bourse leur permettant de développer leur potentiel, d’explorer le monde et de s’ouvrir à d’autres horizons, » explique-t-elle. Comme le prévoit ce programme, Ariane Koek devait choisir un projet qui sorte de sa « zone de confort ». « Pour moi, c’était une évidence, j’ai tout de suite choisi le CERN. J’ai toujours été fascinée par la physique, qui associe une logique rigoureuse et une imagination débridée. J’invitais souvent des scientifiques dans les émissions culturelles, artistiques et politiques que je produisais. »

Le groupe Communication du CERN, séduit par sa proposition, l’a immédiatement invitée à venir ici. L’une des principales ambitions d’Ariane Koek est de mettre sur pied un projet de résidence artistique internationale pour le CERN. Il y a 5 ans, le CERN avait déjà accueilli un projet similaire, qui s’était conclu par une exposition des œuvres créées (http://cds.cern.ch/record/45513?ln=fr). Mais Ariane Koek veut aller plus loin encore. « La résidence ne se limiterait pas seulement aux arts visuels, mais s’ouvrirait également aux danseurs, aux réalisateurs, aux écrivains, aux artistes numériques et aux musiciens, » explique-t-elle.

« Le CERN suscite déjà beaucoup d’intérêt dans le domaine de la culture, dit-elle. Je sais notamment que l’artiste japonaise (Mariko Mori) y est venue récemment et qu’Antony Gormley a fait don au CERN d’une sculpture. Le site a aussi servi de décor à une superproduction hollywoodienne. » Ces collaborations font toutefois l’objet d’arrangements au cas par cas. Par exemple, comme l’explique A. Koek, « Généralement, les artistes viennent au CERN parce qu’ils connaissent quelqu’un qui y travaille. La procédure n’est donc pas des plus transparentes – ce qui contraste avec la façon dont le reste du CERN fonctionne. » A. Koel a pour objectif de mettre en place un système permanent permettant d’accueillir les artistes au CERN. Après avoir déposé un dossier, les candidats retenus seraient choisis par un jury international composé d’artistes et de scientifiques.

Cela dit, la politique culturelle ne se limiterait pas à faire venir des artistes au CERN, mais viserait également à y encourager la créativité. « Ce sera donnant-donnant, assure-t-elle, les artistes bénéficieraient de l’inspiration que leur donne le CERN, et en contrepartie animeraient un séminaire au début de leur résidence et montreraient leur travail à la fin. » Elle souhaite également que les artistes tiennent des permanences au cours desquelles ils resteraient disponibles pour des échanges avec les nombreux Cernois qui s’intéressent à l’art.