Gianfalco Pozzo (1926-2010)

Gianfalco Pozzo (Gughi pour ses proches) est décédé soudainement le 30 juin. Né en 1926 à Candelo, près de Biella, il avait été appelé au CERN en 1957 dans le but de créer et diriger l’atelier de mécanique de la division de physique, où il passa toute sa carrière jusqu’à sa retraite en 1991.

 

Très passionné par son travail et d’un inlassable dévouement, il avait un caractère austère, mais ouvert et cordial. Il gardait des relations privilégiées avec les personnes partageant sa passion et ses intérêts, et il exigeait de ses excellents collaborateurs, soigneusement sélectionnés par lui, un engagement un perfectionnisme égaux aux siens quand il dessinait dans son bureau ou travaillait dans l’atelier.
Concevant pour tout problème des solutions élégantes et simples, il montra rapidement de grandes qualités d’inventeur, d’organisateur et de réalisateur, qui firent de lui un homme recherché pour les travaux les plus innovants et difficiles, et qui lui assurèrent très tôt une grande renommée dans son domaine.

Il se consacra assez rapidement à la conception et la réalisation de toutes sortes d’aimants et d’enroulements pour lesquels il créa l’outillage le mieux adapté, et il développa au plus haut degré la technique d’isolation. Il fut l’un des premiers à développer des câbles à fils supraconducteurs, en particulier ceux stabilisés par des bandes d’aluminium. Avec un câble de ce type, il construisit en 1977 un solénoïde pour l’expérience R-108 aux ISR, qui obtint un grand succès. Après la fermeture des ISR, cet aimant fut cédé au laboratoire PSI, où il est encore utilisé dans l’expérience Sindrum.

Parmi les très nombreux appareils - toujours de véritables œuvres d’art - sortis de son atelier, on doit mentionner les aimants spéciaux construits pour les faisceaux secondaires du PS, ainsi que les aimants à pôles mobiles, toujours au PS, qui divisent le faisceau de protons à extraction lente, ou encore les enroulements polaires pour ICE, construits en un temps record, les enroulements et l’assemblage des aimants pour les expériences NA4, UA6 et NA10 au SPS, et surtout, le grand et complexe bobinage de l’aimant pour UA1. Ce dernier aimant fut utilisé ensuite par NOMAD et est exploité actuellement au J-PARC au Japon par l’expérience T2K.
Enfin, citons encore son dernier et impressionnant chef-d’œuvre : le très grand solénoïde d’OPAL.

Pour sa construction, une méthode d’imprégnation continue en atmosphère sèche fut développée pour la première fois ; Gianfalco conçut pour cela un chantier extraordinaire remplissant en entier le hall 168. Il y passa d’innombrables heures, de jour comme de nuit, pour en assurer le parfait fonctionnement.
Jusqu’à ses derniers jours, on le voyait souvent au CERN s’enquérant du progrès des expériences et du travail de ceux qui avaient été ses plus étroits collaborateurs et amis.
Nous sommes nombreux dans la peine pour cette perte qui nous touche profondément.
Nos pensées vont à sa femme Marica, à ses enfants Marco et Andrea, et à leurs familles.

Ses amis