DESERTEC : énergie pour la planète

Lancé en 2007, le projet DESERTEC devrait permettre aux pays de la région EU-MENA (Europe, Moyen-Orient, Afrique du nord) de couvrir, d’ici à 2050, une grande partie de leurs besoins énergétiques grâce aux énergies renouvelables. Gerhard Knies, un ancien physicien des particules du synchrotron DESY (Deutsches Elektronen-Synchrotron), est un des instigateurs de ce projet. Il a également participé plusieurs fois aux expériences du CERN, où il est revenu présenter DESERTEC lors d’un colloque, le 3 février dernier.

 

En combinant différentes sources d’énergie renouvelable, le projet DESERTEC pourrait être à même de subvenir aux besoins énergétiques des pays de la région EU-MENA.
Les carrés rouges représentent la surface de CSP nécessaire pour subvenir aux besoins énergétiques actuels du monde, de l’Europe et de la région MENA. Source : DESERTEC Foundation, www.desertec.org

Première étape du projet : installer des centrales thermiques solaires dans les déserts de la région MENA (Moyen-Orient, Afrique du nord). Sources incomparables d’énergie propre, les déserts ont peut-être la réponse au problème énergétique de la planète. Présenté au CERN le 3 février dernier, le concept DESERTEC est simple : produire de l’électricité « propre » en exploitant l’énorme quantité d’énergie solaire que reçoivent les déserts. « Les déserts de notre planète reçoivent en six heures plus d’énergie que n’en consomme l’humanité en toute une année ! L’idée d’en tirer profit ne date pas d’hier, mais aujourd’hui, nous possédons les technologies qui peuvent nous permettre de la concrétiser », explique Gerhard Knies, scientifique allemand fort d’une longue carrière en physique des particules, maintenant à la retraite.

La collaboration à l’origine du projet a démarré en 2003. Aujourd’hui réunis dans le cadre de la « Fondation DESERTEC », ses membres sont issus de divers secteurs d’activité de nombreux pays. « La coopération internationale est indispensable, souligne le chercheur. Par ailleurs, nous souhaitons aussi nous associer aux grandes industries. Il suffit en effet que des industriels réputés s’investissent dans un projet pour que les politiques en fassent autant... »

Une centrale thermique solaire à
concentration (CSP) réfléchissant les
rayons du soleil vers un récepteur.
Source : DESERTEC Foundation,
www.desertec.org

Dans un premier temps, l’objectif est d’installer des centrales thermiques solaires à concentration (ou CSP, voir encadré) dans les déserts du Moyen-Orient et d’Afrique du nord. Utilisées dès la fin des années 80 en Californie, et depuis peu, dans le Nevada et en Espagne, ces centrales ont déjà fait leurs preuves. Il suffirait d’équiper 0,3% des 40 millions de km2 de surfaces désertiques de notre planète pour couvrir les besoins mondiaux actuels en électricité ! Pour ce qui est du transport, Gerhard est confiant : « Avec une perte inférieure à 3% pour 1 000 km, les progrès technologiques réalisés dans le domaine des lignes de transmission en courant continu haute tension permettent aujourd’hui de transporter l’électricité sur de longues distances et à moindre coût. »

La fondation DESERTEC est à but non lucratif. Tout le monde peut s’y investir. Pour plus d’informations, visitez leur site web.

 

L’histoire du projet DESERTEC

En 2003, Gerhard Knies et le prince Hassan bin Talal de Jordanie créaient la Coopération transméditerranéenne pour l’énergie renouvelable - un réseau international de chercheurs, économistes et politiques à l’origine du concept DESERTEC et, quelques années plus tard, de la fondation du même nom. Fort du soutien des instituts de recherche sur les énergies renouvelables de nombreux pays (Maroc, Algérie, Libye, Égypte, Jordanie et Yémen), ainsi que du Centre aérospatial allemand et du Club de Rome, le projet DESERTEC connaît depuis un développement très prometteur.

En 2008, la fondation DESERTEC soutient la création du Plan solaire pour la Méditerranée par l’Union européenne et, en 2009, lance l’initiative industrielle Dii GmbH. En réunissant des partenaires des secteurs industriel et financier, elle souhaite promouvoir le concept DESERTEC dans toute la région EU-MENA (Europe, Moyen-Orient, Afrique du nord). Par la suite, en complément de Dii GmbH, le gouvernement français crée la société Medgrid (anciennement Transgreen), destinée à favoriser la construction de lignes de transmission dans la région méditerranéenne.

Enfin, l’année dernière, le Réseau Universitaire DESERTEC (DUN en anglais) voyait le jour. Alliant 18 universités et centres de recherche du Moyen-Orient et d’Afrique du nord, son but est de développer le concept aussi bien dans la région EU-MENA que, in fine, à travers le monde.

 

Les centrales thermiques solaires à concentration (CSP)

Avec leurs nombreux miroirs collecteurs, les centrales héliothermiques fonctionnent sur le même principe que les fours solaires. Redirigés vers un récepteur-cible, les rayons du soleil permettent de chauffer de l’eau jusqu’à une très haute température. Comme dans une centrale conventionnelle, la vapeur ainsi générée alimente ensuite les turbines productrices d’électricité, et ce, sans la moindre émission de CO2. En offrant par ailleurs la possibilité de stocker la chaleur, les CSP sont également en mesure de produire de l’électricité la nuit ou par temps couvert, et peuvent ainsi assurer une distribution en parfait accord avec les besoins.

 

par Anaïs Schaeffer