Faisceaux stables

Faisceaux stables : deux mots simples, mais qui, au CERN, veulent dire tellement de choses. Mercredi 3 juin, lorsque la page LHC est passée du stade « Compression » à celui de « Faisceaux stables », on a pu assister à des scènes de joie dans différentes salles de contrôle du CERN : les expériences LHC commençaient à enregistrer des données pour la physique pour la première fois depuis 27 mois. C’est pour cela que le CERN existe, et c’est formidable de voir le LHC faire son grand retour après tant de temps passé en préparatifs pour la prochaine étape du voyage.

 

Je l’ai déjà dit et je vais le répéter une nouvelle fois. Cette étape importante témoigne de l’engagement et du dur labeur de toutes les équipes concernées, au CERN et dans toute la communauté. Et je ne vais pas les citer une à une, ce n’est pas le propos. Permettez-moi plutôt de dire simplement qu’une réussite aussi impressionnante que celle qui consiste à faire fonctionner le LHC – la machine de tous les superlatifs – requiert les efforts conjoints et l'enthousiasme de toutes les personnes concernées. Pour que le LHC et ses détecteurs fonctionnent, tout le reste doit fonctionner. C'est pourquoi je dis « chapeau bas ». Nous avons assisté à une véritable prouesse.

Une chose est sûre : l’étape qui suit va sans nul doute changer la manière dont nous concevons l’Univers qui nous entoure. De quelle manière ? Nous ne le savons pas encore. Si la nature est généreuse, nous pourrions annoncer une autre découverte majeure avant la fin de la deuxième période d'exploitation. Si elle préfère garder ses secrets, nous aurons quand même appris, sûrement, d’autres choses importantes, en particulier sur le mécanisme de Brout-Englert-Higgs. Quoi qu’il arrive, la deuxième période d’exploitation s’annonce très prometteuse.

À titre personnel, cette étape importante me rappelle que mon mandat de directeur général du CERN va bientôt arriver à son terme. Il est encore beaucoup trop tôt pour que je vous dise « au revoir », mais ce qui s'est passé mercredi correspond à ce que le Conseil attendait lorsqu'il a décidé de prolonger de deux ans le mandat de l'équipe de Direction du CERN.

Lorsque les applaudissements ont retenti dans le Centre de contrôle du CERN pour saluer le démarrage de la deuxième période d’exploitation du LHC, mes pensées sont allées à cette session du Conseil de mars 2012, où cette prolongation a été proposée. Pour le Conseil, le premier long arrêt du LHC n’était pas propice à un changement de Direction. Il souhaitait de la stabilité. Et il a eu raison. La stabilité a permis au CERN d’être une force pour la science pendant 60 ans et un exemple pour l’Europe. Même si l’Organisation aura une nouvelle Direction à la fin de l'année, la nouvelle équipe aura besoin de stabilité pour guider le CERN sur la voie de nouvelles réalisations.

Au nom de toute l’équipe de Direction, j’ai accepté la proposition du Conseil avec humilité – de telles prolongations sont exceptionnelles – en étant conscient des responsabilités qui m’attendaient. Je suis heureux d’avoir été digne de la confiance du Conseil, et fier de tous ceux et celles qui ont permis de faire de ce mercredi un véritable succès. Et maintenant, place à la physique !

Rolf Heuer