Le coin de l’Ombud : harcèlement sexuel – qui est concerné ?

L’année dernière, je vous ai parlé du harcèlement sexuel. Je reviens aujourd’hui de nouveau sur le sujet puisqu’il continue d’être évoqué auprès de l’ombud. Une tendance susceptible de perdurer tant que le sexisme ordinaire et le harcèlement resteront des non-dits dans notre environnement de travail et que nous continuerons à fermer les yeux sur ces questions.

 

Dans mes précédents articles, je vous avais montré comment dire « stop » à un comportement malvenu, et que faire si celui-ci persiste. Je vous avais également expliqué ce qu’il faut entendre par « harcèlement », à savoir, aux termes de la Circulaire administrative n° 9 du CERN « [un] comportement importun portant atteinte à la dignité de la personne et/ou créant un environnement de travail hostile. » Enfin, j’avais insisté sur la nécessité de promouvoir une culture commune qui permette de repérer les signes d’alerte de comportements susceptibles de dégénérer en harcèlement. Alors, que dire de plus ?

Le harcèlement sexuel sur le lieu de travail reste une réalité invisible dans la mesure où l’on a souvent du mal à y faire face et où l’on hésite à en parler de peur que la situation ne soit pas prise au sérieux, ou pire, de passer pour quelqu’un qui manque d’humour ou cherche à créer des problèmes. Même lorsqu’elles trouvent le courage de parler, les victimes ne sont pas toujours entendues, dans la mesure où leur problème est minimisé et où ce qu’elles vivent est renvoyé au rang d’un sexisme ordinaire, tellement banal qu’il est devenu la norme.

Le sexisme ordinaire est insidieux et, au travail, il peut prendre des formes très diverses. Un collègue insistant qui se tient trop près de vous lorsque vous faites la queue à la cafétéria, un autre qui commente votre tenue alors que vous vous apprêtez à faire une présentation, un groupe qui reste silencieux lorsqu'un membre de l'équipe vous accueille avec une plaisanterie grivoise, ou encore un superviseur qui vous prend la main pour vous rassurer quand vous vous heurtez à une difficulté imprévue. Quelle que soit la situation, si un comportement fait naître en vous un sentiment d’humiliation ou de malaise, on peut dire que ce comportement est inapproprié.

« Je me sens vraiment mal à l’aise lorsque tu dis ça/ tu fais ça
– s'il te plaît arrête ! »

Des personnes qui, confrontées à une telle situation, ont eu le courage de s’exprimer rapportent des réactions diverses : le déni (« Allez, c’est juste un compliment »), la critique (« Tu ne réagis pas un peu trop là ? »), la condescendance (« C’était juste pour plaisanter »), voire l’abus de pouvoir (« Ça n’avait pas l’air d’aller, j’ai juste voulu te réconforter »). Parfois, l’interlocuteur se contente de rire ou de ne pas réagir.

Les situations rapportées à l’ombud montrent que, bien que notre Code de conduite interdise ce type de comportements, le sexisme ordinaire au travail existe toujours, que, s’il touche principalement les femmes, certains hommes en sont aussi victimes, qu'il fait partie intégrante de notre environnement de travail, et que les tentatives pour y mettre un terme se sont avérées infructueuses.

Et vous, en quoi cela vous concerne-t-il ? Avez-vous déjà été témoin de comportements de ce type ? Avez-vous déjà parlé de ces situations avec vos collègues, en écoutant vraiment ce que l’autre personne a à dire ? Et comment réagiriez-vous si l’un ou l’une de vos collègues vous racontait avoir subi ce genre de chose ?

Un incident isolé relevant du sexisme ordinaire peut ou non relever du harcèlement sexuel, mais de toute façon, un environnement de travail où l’on tolère ce type de comportement par une culture de l’acceptation est un environnement où les personnes sont exposées à un risque de harcèlement.

Le CERN a mis en place des procédures formelles et informelles pour traiter les cas de harcèlement, mais il appartient à chacun et chacune d'entre nous de tout faire pour mettre un terme au harcèlement et ne pas tolérer le sexisme ordinaire. Il ne s’agit pas seulement d’exiger que certains comportements changent, ce sont les mentalités qui doivent changer.
 

Adressez-vous à l’Ombud sans attendre !

 


N.B. : vous pouvez retrouver tous les « Coins de l’Ombud » sur le blog de l’Ombud.

par Sudeshna Datta-Cockerill