Robert Lévy-Mandel (1923-2010)

Robert Lévy-Mandel, ancien membre de la Direction du CERN, est décédé le 3 juillet dernier, à l’âge de 87 ans.

 

Diplômé de l’Institut polytechnique de Grenoble, Robert Lévy-Mandel entre comme ingénieur au CEA en 1948, participant au développement et à la construction du premier accélérateur de particules de l’institut de Saclay, un accélérateur de type Van de Graaff. Entre 1954 et 1957, il est chargé de la coordination, du développement et de la construction du synchrotron Saturne du CEA, mis en service en 1958.

En 1963, il est nommé à la tête du département du Synchrotron Saturne. L’équipe mène la construction de la chambre à bulles Gargamelle qui sera installée au CERN et contribue à d’autres grands équipements, notamment la grande chambre à bulles européenne BEBC.

John Adams, responsable du projet d’accélérateur SPS, le fait venir en 1971 à Genève. Avec le démarrage du projet SPS, le CERN compte deux laboratoires, celui de Meyrin et celui de Prévessin, et deux directeurs généraux, Willibald Jentschke, pour le Laboratoire I, et John Adams, pour le Laboratoire II. John Adams confie à Robert Lévy-Mandel la responsabilité de l’installation des sites du laboratoire de Prévessin en cours d’édification. L’ingénieur travaille d’arrache-pied pour la réussite du projet.
Le SPS a redémarré en 1976 et a atteint 400 GeV d’énergie, 100 GeV au-dessus de l’énergie prévue. Les deux laboratoires du CERN réunis, Robert-Lévy Mandel siège au directoire, pour les services techniques et la gestion des sites. Le grand accélérateur électron-positon LEP est déjà en gestation.

Emilio Picasso, nommé à la tête du gigantesque projet LEP en 1980, confie à Robert Lévy-Mandel la réalisation du rapport de sûreté du futur accélérateur. La tâche est d’autant plus cruciale que l’anneau souterrain, d’une taille inédite de 27 km de circonférence, passe au-dessous de nombreux villages français et suisses et rencontre une opposition tenace. Robert Lévy-Mandel établit les rapports INB (Installation nucléaire de base) soumis aux autorités Françaises pour l’approbation du projet. Il met en place le programme de concertation avec les mairies françaises et suisses. Il organise de nombreuses réunions d’information avec les autorités locales, en collaboration avec Henri Laporte, le chef du génie civil. Ses qualités de diplomate se révèlent alors très précieuses pour impliquer et convaincre les autorités locales. À l’occasion de son départ à la retraite, les anciens maires du Pays de Gex ont d’ailleurs organisé un repas en son honneur en reconnaissance du travail qu’il avait effectué lors de la construction du LEP.

Robert Lévy-Mandel prend sa retraite en 1988, juste avant le démarrage du LEP. Mais, comme de nombreux Cernois qui ont dédié une grande part de leur vie au Laboratoire, il reste attaché au CERN, continuant à venir y travailler et discuter.

Robert Lévy-Mandel laissera l’empreinte d’un homme d’une grande élégance et d’une grande réserve, entièrement dévoué au CERN, faisant montre d’une étonnante capacité de travail.

Lors de son départ à la retraite, il expliquait : « J’ai trouvé auprès d’Emilio Picasso, de Gunther Plass et de tous les chefs de groupe, l’atmosphère chaleureuse et confiante sans laquelle il n’y a pas d’épanouissement possible, pas de réel travail en équipe indispensable dans un grand projet. » Nous lui retournons le compliment.

Nous présentons à ses deux filles, Anne et Françoise, à ses petits-enfants et à sa famille nos plus sincères condoléances.


Emilio Picasso et les membres de la direction du projet LEP