Des débuts éclatants
Cette semaine a été excellente pour le LHC : plusieurs remplissages ont permis de porter rapidement le nombre de paquets de protons à 194 par faisceau. Les expériences ont ainsi pu atteindre une luminosité de 2,5 × 1032 cm-2s-1, battant ainsi le record de 2010, soit 2,0 × 1032 cm-2s-1. Au moment où j’écris ces lignes, la luminosité intégrée du LHC pour 2011 est de 28 pb-1, ce qui correspond déjà à plus de la moitié de ce qui a été obtenu au total en 2010.
Ces chiffres sont impressionnants, mais ce qui m’impressionne le plus, c’est la rapidité avec laquelle les équipes du LHC sont capables de relancer la machine entre deux remplissages, ainsi que l’efficacité avec laquelle l’exploitation du LHC a été intégrée au programme d’exploitation globale du complexe d’accélérateurs du CERN.
La flexibilité du LHC s’est manifestée jeudi, lorsque nous avons lancé une courte phase d’exploitation à l’énergie de 1,38 TeV par faisceau, équivalant à l’énergie par nucléon d’une exploitation avec ions plomb. Ces données de faible énergie seront utilisées par les expériences, en particulier par ALICE, pour comparer les résultats d’interactions de noyaux et d’interactions de protons, à la même énergie par nucléon. L’exploitation à 1,38 TeV par faisceau avec protons se poursuivra jusqu’à samedi, ce qui nous laissera suffisamment de temps pour passer à une exploitation à 3,5 TeV par faisceau durant le week-end, avant le début d’un arrêt technique programmé, le lundi 28 mars.
Autre événement important pour le CERN à signaler : la session du Conseil de mars. Celle-ci a été en grande partie consacrée aux questions usuelles, mais j'aimerais mettre particulièrement l’accent sur les éléments communiqués au Conseil concernant le potentiel de physique lié à l'exploitation en continu du LHC en 2011 et 2012, notamment en ce qui concerne la découverte du boson de Higgs du Modèle standard. L’exposé présenté par le groupe de travail conjoint ATLAS-CMS a été des plus encourageants, car il témoigne de la saine concurrence dans la collaboration qui existe entre les deux expériences. Il avait fallu beaucoup plus de temps aux expériences LEP, il y a vingt ans, pour arriver à ce point ; c’est pourquoi il faut souligner la rapidité avec laquelle les expériences LHC ont appris à travailler ensemble. Conjugués, et avec un fonctionnement correct du LHC, les résultats d’ATLAS et de CMS devraient nous permettre de couvrir la gamme complète de masses dans laquelle est susceptible de se trouver le boson de Higgs, en vue, soit de confirmer son existence, soit de démontrer de façon concluante qu’il n’existe pas. L’un ou l’autre résultat serait d’une importance majeure.
Le Conseil a réaffirmé qu’il souscrivait sans réserve à notre plan consistant à exploiter la machine durant toute l’année 2012. La belle performance du LHC depuis la clôture de la session de mars semble nous dire que nos délégués ont eu raison de nous faire confiance.
Rolf Heuer