Lancement du projet ARDENT pour des techniques de dosimétrie avancées
En début de semaine, le projet ARDENT, réseau de formation Marie Curie financé par l’UE, a été lancé lors d’une réunion tenue au CERN. L’objectif général de ce réseau est de faciliter la mise au point de techniques avancées de dosimétrie. Elles serviront notamment à la mesure des rayonnements autour des accélérateurs de particules, à bord des avions de ligne et dans l’espace, à la caractérisation des déchets radioactifs, et à des applications dans le domaine médical, où il est crucial de pouvoir compter sur une dosimétrie précise.
Le projet ARDENT (Advanced Radiation Dosimetry European Network Training) est un programme de recherche et de formation dont l’objectif est de créer de nouvelles techniques de dosimétrie tout en offrant une formation de pointe à quinze chercheurs en début de carrière. Coordonné par le CERN, il est financé par l’Union européenne à hauteur de 3,9 millions d’euros sur une période de quatre ans.
Le projet se concentrera sur trois grandes familles d’instruments : les détecteurs gazeux, notamment les multiplicateurs d’électrons à gaz (GEM) et les compteurs proportionnels équivalents au tissu biologique (TEPC) ; les détecteurs à semi-conducteurs de type Medipix et les microdosimètres à silicium, et enfin les détecteurs de traces nucléaires. « Les chercheurs d’ARDENT vont étudier les utilisations potentielles de ces instruments, explique Marco Silari, membre du groupe Radioprotection du CERN et scientifique responsable du programme. Les défis de la dosimétrie consistent à distinguer les différents éléments qui composent un champ de rayonnement, à déterminer quelle quantité dosimétrique correspond à chacun d’eux, à connaître la répartition de l’énergie de ces éléments (spectrométrie) et, dans l’idéal, à mesurer la 'qualité' du champ de rayonnement. Les instruments que nous allons nous employer à mettre au point dans le cadre du projet ARDENT devraient permettre d’obtenir ces données avec une grande précision. »
Les instruments de dosimétrie de pointe peuvent être exploités pour caractériser le champ de rayonnement parasite que l’on trouve autour des accélérateurs de particules utilisés non seulement dans la recherche fondamentale, mais aussi dans l’industrie et dans le domaine médical, pour la production de radionucléides et la radiothérapie contre le cancer. « L’évaluation des doses secondaires reçues par les patients sous radiothérapie à cause du rayonnement parasite de photons et de neutrons sortant du champ de traitement est un enjeu majeur en oncologie, affirme Marco Silari. La mesure des propriétés des faisceaux de hadrons utilisés à des fins cliniques, à savoir le profil transversal du faisceau, la répartition de dose en profondeur, l’homogénéité du champ et la fragmentation des ions carbone, est un élément important pour les médecins qui doivent définir le meilleur plan de traitement pour leurs patients. »
Le réseau ARDENT regroupe 12 instituts, parmi lesquels sept partenaires à part entière, dont le CERN, et cinq partenaires associés, où sont représentés aussi bien le monde de la recherche que l’industrie, de différents pays : Allemagne, Australie, Autriche, Canada, États-Unis, Italie et République tchèque. « Lors de la réunion de démarrage, nous avons approuvé la composition des différents comités qui forment la structure organisationnelle d'ARDENT, passé en revue les objectifs généraux du projet, la portée de la formation et celle de l’action de sensibilisation, puis discuté du programme du premier atelier annuel, qui aura lieu à Vienne, vers la fin de l’année. Actuellement, nous sommes dans la phase de recrutement. Nous avons reçu 34 candidatures pour 15 postes et nous venons de sélectionner les quatre chercheurs en début de carrière qui seront basés au CERN. Le processus de recrutement de la plupart des autres partenaires est aussi à un stade avancé », assure Marco Silari. « Le fait que le CERN (en particulier les groupes DGS-RP et PH-ESE) participe au réseau ARDENT va nous aider à mettre au point des techniques de surveillance des rayonnements qui pourront être utilisées dans de nombreux domaines, au Laboratoire comme ailleurs, conclut Doris Forkel-Wirth, responsable du groupe Radioprotection au sein de l’unité Santé et sécurité au travail et protection de l'environnement (HSE). Je suis contente que le groupe Radioprotection joue un rôle moteur dans ce projet. »
Pour plus d’informations, consultez le site web du programme ARDENT.