Il y a 50 ans, naissance de l’ « euro-astronomie »

L’Observatoire européen austral (ESO) fête aujourd’hui ses 50 ans. Retour sur l’histoire d’un des plus grands laboratoires européens, qui fut soutenu et accompagné par le CERN dès ses premières heures.

 

La Silla, juin 1968. Les trois télescopes visibles à l'arrière-plan sont (de gauche à droite) : l’Objectif Grand Prisme (GPO, entré en service en 1968), le télescope d’un mètre de diamètre de l’ESO (1966) et le télescope de 1,5 mètre de diamètre (1968). Ils ne sont aujourd’hui plus en service. La coupole blanche visible au 1er plan est le télescope Schmidt d’un mètre de diamètre, en service depuis 1971. Crédits : ESO/E. Maurice.

Au printemps 1953, à Leyde (Pays-Bas), un groupe d’astronomes - parmi lesquels Walter Baade, Jan Oort, Adriaan Blaauw, Otto Heckmann et Jan Bannier (alors président du Conseil provisoire du CERN) – discute pour la première fois de la possibilité de créer un observatoire astronomique européen. L’objectif est de bâtir celui-ci dans l’hémisphère sud, alors très peu « observé » par de puissants télescopes.

Près de 10 années plus tard, le 5 octobre 1962 – il y a 50 ans jour pour jour !* - les représentants de cinq pays européens (la Belgique, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède) se réunissent à Paris pour concrétiser cette idée et signent la convention de l’ESO (European Southern Observatory). Celle-ci fut largement inspirée de la convention du CERN, les deux organisations étant similaires, et certains membres du Conseil de l’ESO étant également membres du Conseil du CERN. D’ailleurs, aujourd’hui encore, le CERN et l’ESO possèdent la même caisse de pensions.

L’année suivante, Otto Heckman, alors directeur général de l’ESO, conclut un accord avec le gouvernement chilien visant à établir l’observatoire au Chili, sur le site de La Silla (2400 mètres d’altitude), dans la région montagneuse du désert d’Atacama. Fin novembre 1966, le premier télescope de l’ESO, d’un mètre de diamètre, y entre en service. 20 ans plus tard, ce sera le plus grand télescope optique du monde, le VLT (Very Large Telescope), qui y sera officiellement inauguré.

La Silla, aujourd’hui. On voit sur cette image 2 nouveaux télescopes. La coupole métallique est celle du télescope MPG/ESO de 2,2 mètres, en service depuis 1984. À l’extrême gauche, on voit le télescope danois de 1,54 mètre, en service depuis 1979. Crédits : ESO/E. Maurice.

En 1970, l’ESO et le CERN signent un accord de collaboration. Très vite, la division Télescope et le laboratoire Sky Atlas de l’ESO prennent leurs quartiers sur le site du CERN, à Genève. Ce n’est qu’en 1980 que tous les départements de l’ESO seront enfin réunis, à Garching, près de Munich (Allemagne). Et c’est là-bas qu’ils fêtent aujourd’hui leur 50e anniversaire, comme s’en félicite Tim de Zeeuw, actuel directeur général de l’ESO : « En 2012, année de notre 50e anniversaire, nous sommes prêts à entrer dans une nouvelle ère, une ère que même les rêves audacieux des membres fondateurs de l'ESO n'auraient pu anticiper. D’extrêmement grands télescopes chercheront à répondre à certaines des questions les plus exigeantes de l'humanité. C’est sans doute un des moments les plus excitants pour les astronomes, et encore plus pour les astronomes des États membres de l’ESO. »

*Notez que le CERN a fêté ses 58 ans le 29 septembre dernier !

 

L’ESO et ses 15 États membres

1962 : les cinq états fondateurs - Belgique, France, Allemagne, Pays-Bas et Suède – signent la convention de l’ESO.
1967 : le Danemark devient le sixième État membre.
1982 : la Suisse et l’Italie rejoignent l’observatoire.
2001 : adhésion du Portugal.
2002 : le Royaume-Uni devient le dixième État membre.
2004 : Suit la Finlande.
2007 : adhésion de l’Espagne et de la République tchèque.
2009 : signature de l’Autriche.
2010 : le Brésil signe l’accord d’adhésion. Il deviendra bientôt le premier État membre non-européen.

 


Ne manquez par l’article consacré au 50e anniversaire de l’ESO paru dans le dernier CERN Courier. Vous en apprendrez plus sur les liens qui unissent l’ESO et le CERN.

Pour célébrer son 50e anniversaire, l'ESO a réalisé un film documentaire : l’Europe vers les étoiles – les 50 premières années d’exploration du ciel austral de l’observatoire (Europe to the Stars — ESO's first 50 years of Exploring the Southern Sky). Plus d’informations et des extraits du film ici.

Découvrez également le livre sur l’histoire de l’ESO : The Jewel on the Mountaintop, et le livre d’illustrations Europe to the Stars.

Enfin, n’hésitez pas à visiter le site officiel des 50 ans de l’ESO.

 

par Anaïs Schaeffer