Au coin du feu…

Des pompiers du service Secours et feu du CERN et de Suisse* participent actuellement à une série d’expériences organisées par la Fédération suisse des sapeurs-pompiers (FSSP) destinées à tester de nouveaux matériaux pour les vêtements des pompiers. Exercice du jour : se laisser enfermer dans un container en flammes.

 

Installés dans le container en flammes, les pompiers prennent leur mal en patience...

Vendredi 5 juillet. 9h15. Site de formation de Prévessin. Le feu a déjà bien pris. Les flammes chatoient au fond du container de simulation des pompiers du CERN. Vêtus de prototypes de sous-vêtements et de combinaisons ignifugées, cinq pompiers s’apprêtent à prendre place dans cet enfer. Un à un, ils s’assoient face au foyer, où ils devront rester pendant 15 minutes. Sous leurs vêtements, divers capteurs mesurent rythme cardiaque, taux d’humidité et température corporelle.

À l’intérieur du container, la température atteint des sommets : 180° à mi-hauteur, et jusqu’à 480° au plafond. Sous le contrôle permanent d’instructeurs, les cinq cobayes patientent, impassibles. Les 15 minutes écoulées, les pompiers s’installent dans une salle climatisée à 22° pour un quart d’heure de pause. Ils n’ont pas droit à la moindre goutte d’eau, cela fausserait les résultats. Puis à nouveau, ils pénètrent dans le container, pour 15 autres minutes de « cuisson ».

Quelques minutes de pause à 22° avant le début de la deuxième phase.

À la fin de l’exercice, tout est pesé – chaussettes, caleçons, collants, sous-gants, gants, pantalons… – afin d’évaluer précisément la quantité d’eau absorbée par chacune des pièces du nouvel équipement. À ces températures, le corps perd en effet plusieurs litres d’eau en quelques minutes. « Ces nouveaux équipements sont conçus pour permettre au corps de respirer sans perdre trop d’eau, explique Heiko Clicque, pompier au CERN, qui a pris part aux tests. Actuellement, les pompiers de Suisse et d’ailleurs rencontrent quelques problèmes de sécurité, car les combinaisons, trop hermétiques, accumulent trop de chaleur. L’intense augmentation de la température corporelle que cela engendre conduit parfois à des pertes de connaissance, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques. »

Cette série de tests in vivo, à laquelle ont participé 10 pompiers pendant deux jours, vient compléter une première phase de tests, qui a eu lieu à St. Gall, au Laboratoire fédéral suisse des sciences des matériaux et technologies (EMPA) au printemps. Les mêmes pompiers s’étaient alors prêtés à divers exercices de course à pied dans une chambre chauffée à 40° à 0% d’humidité. Attendus pour le mois de septembre, les résultats de ces expériences, fruits d'une collaboration interdisciplinaire riche d'enseignements, permettront entre autre de développer de nouveaux équipements, plus performants. Une avancée dont bénéficieront les pompiers, et les victimes.


*Service d'incendie et de secours de la ville de Neuchâtel, Service d'incendie et de secours de la ville de Genève, Établissement d'assurance contre l'incendie du canton de Vaud, Schutz und Rettung Zürich, Feuerwehr und Zivilschutz St Gallen, Ausbildungszentrum für Sicherheit Büren, Gebäudeversicherung Kanton Zürich.



par Anaïs Schaeffer