Le coin de l’Ombud : rumeurs toxiques

Les rumeurs peuvent avoir une grande toxicité, liée à leur faculté de propagation. Il ne s’agit pas ici des conversations anodines que nous avons tous les jours, mais de propos tendancieux et désobligeants, dégageant une charge émotionnelle négative, qui insidieusement attaquent des personnes. Pensez à cette histoire croustillante que vous venez d’entendre : oseriez-vous la répéter devant la personne concernée ?

 

La rumeur est une maladie silencieuse. Sur le lieu de travail, elle peut être très délétère, provoquer des tensions et détruire totalement la confiance entre collègues. Au fur et à mesure que la rumeur se diffuse, légèrement modifiée à chaque étape selon les règles du jeu bien connu qu’on pourrait en l’occurrence appeler « téléphone cernois », elle laisse derrière elle une empreinte invisible, mais parfois durable, sur la réputation des personnes, et peut avoir un impact important sur une carrière sans que la source soit identifiable.

Avez-vous déjà vécu les situations suivantes : une personne quitte la pièce, et tout d'un coup devient le sujet de conversation du groupe ? Ou cette autre : on critique devant vous un collègue absent ? Comment réagissez-vous quand vous entendez des jugements négatifs faits sur des personnes qui ne sont pas là pour se défendre ? Est-ce que vous vous insurgez, ou bien est-ce que vous les acceptez comme un élément factuel dans un échange d’informations normal ?

D’ailleurs, comment faire la distinction entre une simple conversation où l’on fait part de son expérience, on donne des nouvelles de tel ou tel, on relate des événements qui intéressent tout le monde, et des racontars susceptibles de porter atteinte à la réputation et d’empoisonner l’ambiance ?  Quels sont les signaux d’alerte qui doivent nous mettre en garde pour nous empêcher d'entrer dans un processus de rumeur ? Il n’y a pas de réponse unique à cette question, mais il peut être utile de se demander dans quel esprit l’histoire vous est rapportée : dans un esprit positif et bienveillant, ou avec animosité, dans l'intention de rabaisser la personne dont on parle ? D’autres indices doivent vous alerter : la mise à l’écart d’une personne à qui on ne transmet pas des informations, le fait qu’on rapporte des éléments vagues ou de seconde main, l’incapacité de donner des précisions, la formation de clans amenant les collègues à prendre parti, voire à refuser de travailler les uns avec les autres. 

Si vous observez ce genre de choses dans votre environnement professionnel, vous pouvez contribuer à mettre un terme à la rumeur. Refusez d’écouter les racontars, ou renversez la vapeur en disant quelque chose de positif sur la personne concernée. Faites attention à ce que vous dites, et concentrez vos efforts sur la mise en place de relations de travail saines fondées sur la confiance. Si vous devez faire face à une situation problématique, abordez le sujet directement avec les personnes en cause, au lieu de vous plaindre derrière leur dos.

Mettre un coup d’arrêt aux racontars devient encore plus important si vous avez un rôle de supervision ; dans ce cas, c’est votre responsabilité de faire comprendre à vos équipes que colporter des rumeurs n'est pas un comportement toléré. Veillez à maintenir une communication régulière et cohérente avec vos équipes pour limiter les spéculations et efforcez-vous de bâtir une atmosphère de loyauté et de confiance. Et si vous voyez s’élever des signaux de fumée, révélateurs d’une rumeur en marche… n’attisez pas le feu !

Il n’y a pas qu’au CERN que circulent les potins et les bruits sans fondement, et chaque environnement de travail a sa version du « téléphone cernois ». Cependant, si vous voyez que la rumeur est malveillante ou susceptible de faire des dégâts, il faut la tuer dans l’œuf avant que les choses aillent trop loin.  

Et si vous croyez fermement que vous ne vous livrez jamais vous-même à ce petit jeu, attention : même si vous vous contentez d’écouter, vous participez à l’élaboration de la rumeur, et plus vous y prêtez attention plus vous contribuez à sa propagation toxique. Les rumeurs s’auto-entretiennent… mais si personne ne les écoute, elles finissent par s’éteindre !

Adressez-vous à l’Ombud sans attendre !

 


N.B. : vous pouvez retrouver tous les « Coins de l’Ombud » sur le blog de l’Ombud.

par Sudeshna Datta-Cockerill