La Nature a bien plus d’imagination que l’être humain !

La science-fiction d’aujourd’hui est-elle vraiment la science de demain (*) ? Rappelez-vous la série Star Trek. Force est de constater que l’existence de dimensions supplémentaires est aujourd’hui plus plausible qu’à l’époque où le capitaine Kirk était aux commandes du vaisseau Enterprise. Lawrence Krauss, auteur de La physique de Star Trek était au CERN le 28 août dernier et il nous a expliqué comment le LHC inspire le scientifique et l’écrivain qu’il est.

Lawrence Krauss est venu rencontrer les Cernois dans l’amphithéâtre principal pour un colloque intitulé «Cosmology as Science? From Inflation to Eternity». Mais le cosmologiste est aussi un écrivain à succès qui qualifie le LHC d’aventure humaine extrêmement enrichissante. «Le LHC et ses expériences, dit-il, illustrent comment la science peut transcender et réconcilier les cultures et les intérêts des hommes, en se concentrant pendant une période incroyablement passionnante sur des questions qui peuvent paraître ésotériques, mais qui nous donnent en quelque sorte une idée de notre place dans l’Univers.»

Les travaux scientifiques du CERN ont inspiré de nombreux auteurs, de Dan Brown (Anges & Démons) à R. Sawyer (Flash Forward), ainsi que d’autres, moins connus. Si Lawrence Krauss n’a pas encore écrit de livre sur le LHC, dans sa réédition, il y a un an, de La physique de Star Trek, il a indiqué que le LHC était l’une des choses les plus passionnantes de l’histoire de l’humanité en ce qu’il rassemble des individus et des scientifiques du monde entier. «Dans la première édition du livre, explique-t-il, je mentionnais déjà que les physiciens recherchent en fait des dimensions supplémentaires inaccessibles. À l’époque, toutefois, on pensait que les dimensions supplémentaires étaient de très petite taille. Aujourd’hui, les scientifiques pensent qu’elles pourraient être suffisamment grandes pour contenir des extraterrestres et d’autres civilisations. C’est très proche de ce qui se passe dans Star Trek et c’est un aspect que j’ai beaucoup modifié dans la deuxième édition de mon livre.»

Malheureusement, à la différence de Lawrence Krauss, certains auteurs de science-fiction vont bien plus loin et imaginent des choses, parfois dangereuses pour l’humanité ou excessivement obscures, qui ne pourront tout simplement jamais se produire, mais qui sont de nature à retenir l’attention du public. «Les liens entre la science et la science-fiction sont souvent exagérés, poursuit Lawrence Krauss. Même si que j’ai écrit l’un des premiers livres dans le domaine de la science-fiction qui, par la suite, a inspiré tout un nouveau genre, je pense que la science-fiction devrait être considérée simplement comme un moyen d’encourager les lecteurs à en savoir plus sur ce qu’est l’Univers en réalité. La science intimide, elle fait peur ou ennuie. Pas la science-fiction. Il est arrivé quelquefois que la science-fiction évoque des phénomènes qui, ultérieurement, se sont avérés vrais, mais je ne crois pas à la relation de cause à effet dont certains font grand cas. En fait, la science-fiction passe souvent à côté de l’essentiel. Ainsi, les auteurs de livres de science-fiction des années 60 n’ont jamais pensé au web. Il a été créé au CERN et a transformé notre civilisation plus que tout autre chose. L’Univers, le vrai, est bien plus fascinant que tout ce qui est déjà sorti ou sortira de l’imagination des auteurs de science-fiction et la Nature a bien plus d’imagination que l’être humain.»

L’enregistrement vidéo complet de cet entretien

(*) Stephen Hawking, préface de La physique de Star Trek.