Le réseau caché

Il existe un réseau caché sous le CERN qui permet à tout le système de fonctionner. Le plus souvent, on ne le remarque même pas, mais c’est grâce à lui que de grandes quantités de données produites au CERN peuvent être transmises : c’est le réseau de fibres optiques.

 

Les 35 000 km de fibres optiques du CERN servent aussi à synchroniser les accélérateurs, à mesurer les faisceaux et envoyer des signaux de contrôle au LHC. Le réseau est entretenu par une équipe de sept spécialistes qui travaillent dans la section Câblage et fibres optiques du département Ingénierie, tandis que huit autres spécialistes s’occupent des câbles en cuivre (câbles de contrôle et câbles de puissance en courant continu) (412 000 câbles au CERN). Leur travail est essentiel au fonctionnement du LHC ; pourtant, leurs prouesses passent souvent inaperçues. À l’occasion d’un séminaire tenu le 14 octobre dernier, l’équipe des fibres optiques a présenté le travail exceptionnel qu’elle a accompli avec les fibres optiques résistantes aux radiations.



Daniel Ricci au "starpoint" des fibres optiques à la CCC qui desservent les installations du  LHC et le centre de calcul à Meyrin.
 
« Au cours des 7 dernières années, nous avons conçu des fibres optiques spéciales capables de résister aux niveaux de radiations atteints au LHC, explique Daniel Ricci, chef de la section Câblage et fibres optiques. Les tests de qualification de ces fibres sont en cours ». Plus de 2500 km de fibres optiques spéciales résistantes aux radiations ont été installés au LHC et leurs bons résultats ont suscité l’intérêt d’autres instituts connaissant aussi le problème des radiations. Les travaux les plus récents ont été menés en collaboration avec le projet ITER, le réacteur expérimental thermonucléaire international.

L’équipe a également amélioré la technique du « soufflage » utilisée pour installer les câbles de fibres optiques. L’industrie peut généralement souffler des câbles de fibres optiques sur quelques centaines de mètres à la fois − mais la distance entre deux secteurs au LHC est d’environ 3,3 km ! « Afin d’assurer la maintenance des fibres optiques pendant que le LHC est en exploitation, nous avons dû mettre au point notre propre méthode pour souffler les câbles sur une telle distance d’un seul coup », explique Daniel Ricci.

Plan du réseau de fibres optiques au CERN.

Le réseau de fibres optiques au CERN évolue constamment. Chaque fois qu’un nouveau projet est conçu ou qu’un nouveau bâtiment est construit, de nouvelles fibres optiques doivent être mises en place. « L’installation des fibres optiques n’est jamais terminée ; il y aura toujours de nouveaux projets, des modifications de projets existants et des systèmes à câblage en cuivre qui ont besoin d’une mise à niveau », indique Daniel Ricci. À terme, Daniel Ricci et son équipe aimeraient équiper le SPS d’une infrastructure de fibres optiques semblable à celle du LHC. « Des fibres optiques sont installées entre certains points précis et la salle de contrôle centrale. Étendre le réseau de fibres optiques sur toute la circonférence du SPS constituerait une amélioration importante », conclut-il.

La section Câblage et fibres optiques aura fort à faire durant l’arrêt technique des fêtes de fin d’année. Elle devra tout mettre en place pour les grands travaux planifiés pour l’arrêt de 2012, préparer le terrain pour les nouveaux équipements et installer une série de chemins de câbles et de châssis aux points 7 et 8 du LHC.


 

Le saviez-vous ?

Les fibres optiques ont une longue histoire au CERN, qui a été l’une des premières institutions en Europe à utiliser ces fibres dans les télécommunications. La première fibre optique a été utilisée il y a 32 ans pour la synchronisation de l’accélérateur SPS. Elle couvrait la distance entre les sites de Prévessin et Meyrin et constituait à l’époque la plus longue fibre optique d’Europe.

par Katarina Anthony