Conférence de Doha : une renaissance de la science révélée aux journalistes scientifiques

La semaine dernière, plus de 700 journalistes scientifiques du monde entier se sont rendus à Doha, au Qatar, où se tenait la Conférence mondiale sur le journalisme scientifique. Cette assemblée biennale est le plus grand rassemblement de rédacteurs scientifiques du monde. Depuis sa création au début des années 1990, c’est la première fois qu’elle est organisée dans un pays du Moyen-Orient, et l’on peut affirmer que ce fut une véritable révélation.

 

Ahmend Zewail, américano-égyptien et gagnant du Prix Nobel, lors de son discours principal à la Conférence mondiale sur le journalisme scientifique.

Tout d’abord, la présence de nombreux participants montre clairement que les déclarations annonçant la fin du journalisme étaient, semble-t-il, largement exagérées. Outre leur nombre, la diversité des participants était tout aussi remarquable. Pas moins de 90 pays étaient représentés et environ 50 % des participants venaient de pays en développement. Ce sont en partie les subventions allouées par la Fondation du Qatar qui ont permis une telle pluralité.

L’État de la science au Moyen-Orient s’est révélé particulièrement instructif. La conférence, qui devait initialement être organisée au Caire, a été déplacée à Doha en raison du printemps arabe, et les changements intervenus récemment dans le monde arabe en ont grandement influencé le déroulement. Parmi les principaux intervenants de la conférence figurait le prix Nobel américano-égyptien Ahmed Zewail, qui a souligné que l’une des premières mesures du nouveau gouvernement égyptien a été la création d’une nouvelle cité scientifique dans la métropole du Caire. Son message a eu d’autant plus d’impact que la conférence avait lieu à Education City, un centre qui regroupe les universités et programmes d’enseignement et de recherche de la fondation du Qatar. Il a beaucoup été question de renaissance, et il a été discrètement rappelé aux occidentaux qu’au moment où l’Europe connaissait une de ses périodes les plus noires, le monde arabe réalisait des progrès fulgurants dans le domaine scientifique, progrès qui ont tendance à être occultés dans les manuels scolaires de l’Occident. Les participants se sont toutefois accordés à reconnaître que, si le Moyen-Orient avait tout lieu d'être fier de son héritage scientifique, il ne pouvait pas rester accroché à son passé.

En créant la fondation Qatar et en se fixant pour objectif de devenir une économie du savoir moderne à l’horizon 2030, le gouvernement qatari a reconnu l’importance de la science et de l’éducation. Aujourd’hui, la Fondation du Qatar, en permettant à la Conférence mondiale du journalisme scientifique - initialement prévue au Caire - d’avoir lieu à Doha en raison de l’actualité, a reconnu l’importance d’une communication scientifique de qualité. M. Mohammed Fathy Saoud, président de la Fondation du Qatar, a fort bien exprimé les choses : « En tant que membres de la Fondation du Qatar, il est de notre devoir de mettre la science à la portée des membres de la communauté locale. L’avenir de la science, de la technologie et de la recherche médicale ne peut être assuré de manière durable que si nous tenons compte des dimensions humanitaires et sociales. » Ce ne sont pas les 700 journalistes et professionnels de la communication rassemblés à Doha la semaine dernière qui contrediront ces propos.

par James Gillies