À mi-parcours

Cette semaine marquant le mi-parcours de mon mandat de directeur général, l’occasion m’est donnée de faire le point sur les deux années et demie écoulées et d’envisager l’avenir.

 

À première vue, le bilan est positif. Le LHC fonctionne bien, le Conseil vient d’approuver notre plan à moyen terme et pas un nuage ne semble à long terme ternir l’horizon du CERN. C’est précisément dans des moments comme celui-ci qu'il pourrait être particulièrement dangereux de relâcher ses efforts. Le monde est toujours aux prises avec la crise économique et, dans nos États membres, la reprise est lente. Le CERN a toujours des dettes et nos systèmes de protection sociale sont en déficit. Nous nous occupons de ces questions, mais il faut leur accorder une attention minutieuse et constante.

Si la vigilance doit rester de mise, j’aimerais toutefois concentrer mon message de mi-mandat sur les aspects qui sont positifs. Commençons par le LHC. La performance de la machine cette année a été remarquable. Nous avons atteint en juin l’objectif de luminosité fixé pour cette année, ce qui est de bon augure pour les conférences d’été. Il est probablement encore un peu tôt pour s’attendre à des découvertes majeures, mais nous sommes bien partis pour avoir quadrillé toute la région du Higgs, depuis la limite du LEP jusqu’à plus de 600 Gev d’ici à la fin de l’année prochaine. En d’autres termes, nous pourrons bientôt trouver le Higgs, ou exclure son existence. L’un ou l’autre serait une grande découverte pour la physique.

Il en va de même pour le programme de physique hors LHC. Le CNGS livre aux expériences du Gran Sasso des faisceaux de bonne qualité et je me réjouis à la perspective d’apprendre qu'elles ont réussi à détecter encore plus de neutrinos tau. Des résultats passionnants ne cessent de nous parvenir de l'AD. L’expérience CLOUD est sur le point de publier son premier article. Les installations n-ToF et ISOLDE continuent à fournir des faisceaux et nous avons eu le privilège d’assister au lancement réussi d’AMS et à la collecte des premières données.

Ces réussites, on les doit bien sûr à l’infrastructure sur laquelle s’appuie la recherche au CERN, des alimentations électriques à la cryogénie, ainsi qu’à l’excellente performance de la Grille de calcul mondiale pour le LHC (WLCG). La WLCG traite désormais régulièrement jusqu’à 200 000 tâches d’analyse simultanément. Sans elle, les résultats de physique prendraient beaucoup plus de temps.

Concernant le plus long terme, les modifications des interconnexions haute intensité du LHC sont désormais achevées, de sorte que nous pourrons préparer la machine pendant le premier long arrêt de 2013-2014 pour une exploitation à 7 TeV par faisceau. Les travaux préparatoires pour le collisionneur linéaire font partie du plan à moyen terme et le rapport préliminaire de conception (CDR) du CLIC devrait être publié en 2012. Dans le même temps, CTF3 obtient régulièrement des gradients d’accélération de 100 MV/m.

L’attractivité du CERN dans le monde ne cesse de croître, comme en témoignent ces quelques chiffres : le nombre d’utilisateurs a augmenté de 60% depuis 2005, le pourcentage d’augmentation le plus élevé revenant aux utilisateurs d’États non-membres. Le CERN a reçu 107 personnalités et 182 médias depuis janvier, et à ce jour, près de 40 000 visiteurs grand public.

Donc, les choses se passent bien. Mais nous ne devons pas pour autant nous reposer sur nos lauriers. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais le CERN a le dynamisme qu’il faut pour y parvenir. Pour plus d’informations, reportez-vous à mon allocution au personnel du lundi 4 juillet.

 

 Rolf Heuer