Les États-Unis présentent leur vision stratégique pour la physique des particules

Hier a été publié aux États-Unis le dernier rapport du Comité P5 (Particle Physics Project Prioritization Panel). Ce rapport est l’équivalent américain de la mise à jour de la stratégie européenne pour la physique des particules, publiée l'année dernière. Il est réjouissant de constater que les deux documents présentent une vision commune de la direction que devrait prendre notre discipline dans les années à venir.

 

Le Comité P5 a été chargé d'élaborer pour les États-Unis un programme sur dix ans en matière de physique des particules, visant à dégager des perspectives de recherche intéressantes. Son approche, comparable à celle de la stratégie européenne, est fondée sur une vaste consultation au sein de la communauté des physiciens des particules.

En ce qui concerne la frontière des hautes énergies, le rapport est clair : pour le futur immédiat, et sur le court terme, le LHC sera la priorité pour la communauté des physiciens des particules des États-Unis. Le rapport présente une stratégie audacieuse pour l’élaboration, aux États-Unis, d’un programme neutrino de rang mondial axé à long terme sur une installation neutrino longue distance (LBNF), hébergée par le Fermilab, et s’appuyant sur une redéfinition de l’actuelle expérience neutrino longue distance. Il s’agit là d’un développement très positif pour la discipline à l’échelle mondiale, qui s’accorde bien avec la stratégie européenne, dont l’une des recommandations est ainsi énoncée : « L’Europe devra étudier la possibilité d’une participation majeure aux projets neutrino longue distance de premier plan situés aux États-Unis et au Japon ». L’engagement pris dans le rapport du Comité P5 à l’égard du projet LBNF nous autorise à mettre en œuvre cette recommandation. Aussi allons-nous présenter lors de la session du Conseil de juin une proposition visant à encourager une participation européenne coordonnée à ce projet.

L’ensemble du rapport du P5 présente des points de convergence avec la stratégie européenne, qui permettent d’élaborer une approche commune de la pleine exploitation du potentiel du LHC, et d’explorer, au-delà du LHC, des possibilités de futurs collisionneurs. À l’instar de la stratégie européenne, la stratégie présentée par le Comité P5 prévoit un soutien pour les technologies linéaire et circulaire, ouvrant ainsi la voie à une stratégie véritablement mondiale susceptible de conduire à la mise en œuvre sur le long terme de projets vigoureux dans toutes les régions du monde. Les synergies qui se dégagent du rapport du P5 et de la mise à jour de la stratégie européenne nous encouragent également à travailler ensemble pour parvenir à mieux cerner les possibilités offertes par l’astrophysique des particules.

Le fait que l'Europe et les États-Unis aient une vision commune du développement de la physique des particules n’a rien d’étonnant. Nous faisons tous partie d'une communauté mondiale : nos processus de planification à long terme tiennent compte des points de vue des physiciens des particules du monde entier. Ainsi, les États-Unis et l’Asie contribuent au processus de planification européen ; l’Europe et l’Asie contribuent au rapport du P5, et l’Europe et les États-Unis sont invités à participer au processus de planification de l’Asie. Cette coordination mondiale est bénéfique pour la physique des particules. Elle témoigne de la maturité de notre discipline, ainsi que de notre volonté, à l’échelle mondiale, de repousser ensemble les limites de la connaissance humaine.

Rolf Heuer