Derrière vos lectures
Quatre millions de copies en noir et blanc, vingt mille en couleur rien que pour l’année 2009, et une seule personne derrière l’impression, la finition et le classement des documents : Florella Lamole, employée par une entreprise extérieure, basée au CERN depuis 1982.
Vous la connaissez peut-être mieux sous le pseudonyme de Flo : elle est responsable des copieurs et imprimantes high-tech de l’imprimerie du CERN. Grâce à ses machines qu’elle affectionne, Flo reproduit toutes sortes de documents du CERN sur papier : documents du Conseil et de la Direction, comptes rendus de réunion, documents scientifiques en provenance de CMS ou ATLAS, brochures, thèses d’étudiants, et bien d’autres. Même la version papier du Bulletin, que vous êtes en train de lire… Florella se cache derrière nombre de vos lectures !
Les besoins du CERN en impression sont bien sûr quantitatifs, mais aussi qualitatifs : « Les documents du Conseil sont absolument confidentiels. Et quand il y a une réunion, il faut imprimer tout de suite, dès la fin de celle-ci. Avec une imprimerie extérieure, ça ne serait pas possible », explique Flo. Confidentialité et rapidité sont donc les deux termes qui désignent la nécessité d’une imprimerie in situ.
Outre le respect de ces exigences, il y a un autre avantage non négligeable à posséder une imprimerie au sein même du CERN : le coût. « Imprimer à l’extérieur peut s’avérer, selon les types de documents et la quantité, significativement plus cher », indique la spécialiste, forte de ses 28 années d’expérience !
Une longue histoire
L’imprimerie a existé bien avant l’arrivée de Flo, dès les débuts du CERN. Elle est née avec les « Yellow reports », qui devaient être imprimés rapidement, pour être les premiers à être publiés, et en grand nombre, et distribués partout dans le monde. Puis, avec l’augmentation du personnel, le développement de projets importants, la construction de machines, il y a eu une explosion du travail de l’imprimerie, allant jusqu’à la production de plus de 60 millions de copies A4 par an. Un chiffre atteint grâce au développement simultané des machines : « Le passage des machines mécaniques aux machines numériques a été une grande évolution positive. La rapidité d’impression s’en est ressentie, et la qualité aussi. En effet, avant, on était obligé de scanner les documents, et on perdait ainsi beaucoup en qualité, notamment pour les photos », commente Florella. Mais ensuite, avec le développement du web, les besoins en impression ont logiquement diminué. C’est pourquoi le service d’impression ne produit actuellement « plus que » 4 à 5 millions de copies par an.
Le parcours de Florella Lamole
Bretonne d’origine, Florella commence par travailler dans une usine qui fabrique des coupes et des trophées pour le sport. Puis, elle s’arrête pendant quelques années pour élever ses deux enfants. Arrivée entre-temps dans la région, elle entre au CERN en 1982, directement à l’imprimerie. Elle commence ainsi sa carrière sur des machines mécaniques, avec lesquelles elle apprend les bases de son métier. Puis, au fur et à mesure de l’évolution de l’imprimerie et des machines, elle suit des formations pour rester à la pointe. En 1999, son investissement et ses compétences sont reconnues à travers le Diplôme du Mérite pour « Prestations exceptionnelles » qu’elle reçoit du Directeur de Xerox pour la Suisse Romande, en présence des représentants de la Direction du CERN. Aujourd’hui, à quatre ans de la retraite, elle envisage de suivre prochainement une nouvelle formation, relative à l’installation d’un système informatique de gestion des commandes.
par Alizée Dauvergne