Physique et médecine : l'union fait la force

Après l'immense succès rencontré par l'atelier « la physique au service de la santé », qui s'est tenu du 2 au 4 février de cette année, un document d'orientation stratégique a récemment été publié. Ce document reprend les principaux thèmes abordés lors de l'atelier et présente les voies les plus prometteuses dans le domaine des applications médicales issues de la physique.

Rolf Heuer, Directeur général du CERN, s'adresse aux participants de l'atelier «La physique au service de la santé en Europe».

Le premier atelier «La physique au service de la santé en Europe» a bénéficié d'un accueil très enthousiaste: plus de 400 scientifiques provenant de 32 pays différents se sont inscrits et 150 contributions ont été présentées en quelques semaines. Entre cinquante et cent personnes étaient constamment connectées à la retransmission en direct sur internet. «Les inscriptions ont même dû être fermées avant la date prévue, car la capacité de l'amphithéâtre principal du CERN était atteinte», déclare Manjit Dosanjh, du comité d'organisation. Parmi les participants se trouvaient des physiciens, des médecins, des experts en radioisotopes et des décideurs politiques.

L'atelier «La physique au service de la santé en Europe» qui s'est déroulé au CERN.


Bien que la recherche en physique soit à l'origine d'un nombre croissant de techniques médicales utilisées pour établir des diagnostics précoces et traiter des tumeurs ou d'autres maladies, l'atelier représentait une initiative inédite pour rassembler les médecins et les physiciens et leur permettre de débattre de stratégies communes. Selon Manjit Dosanjh, «le CERN était un hôte tout naturel pour un tel atelier». En effet, «le CERN est un terrain scientifiquement neutre, la plupart des pays européens y participent et ont accès à ses activités». «Le CERN possède une longue tradition dans le développement d'instruments pour la médecine», ajoute Ugo Amaldi, membre du comité scientifique. «C'est ici que David Townsend et Alan Jeavons ont réalisé la première image par tomographie à émission de positons (TEP), en 1977. C'est également en utilisant les faisceaux de particules et les installations du CERN que nous avons développé les modules des accélérateurs qui sont au cœur du CNAO, le centre d'hadronthérapie récemment inauguré en Italie, et de MEDAustron, un centre similaire actuellement en construction en Autriche.»

Une visite guidée de CNAO, le centre d'hadronthérapie récemment inauguré en Italie.

Le document d'orientation stratégique rédigé suite à l'atelier se concentre sur les thèmes suivants : la radiobiologie, les radioisotopes, l'imagerie médicale, ainsi que les nouvelles technologies devant être développées. Plusieurs nouvelles idées ont été présentées lors de l'atelier. Une des propositions consiste en la création au CERN d'une infrastructure destinée à fournir des faisceaux de particules de différents types et différentes énergies à des utilisateurs externes intéressés par le développement de la radiobiologie et des détecteurs. «Nous étudions plusieurs solutions possibles», a déclaré Marco Silari, du département DGS qui a présenté le projet lors de l'atelier. «Au départ, nous pensions que le décélérateur d'antiprotons (AD) pouvait être utilisé, mais nous étudions également d'autres possibilités, comme l'anneau d'ions à basse énergie (LEIR), qui est probablement une meilleure solution pour d'autres ions que les protons.»

L'une des conclusions les plus importantes de l'atelier a été la proposition suivante : le CERN devrait lancer et coordonner une collaboration internationale destinée à concevoir et à construire une installation à prix raisonnable, dédiée à l'hadronthérapie et qui utiliserait les technologies les plus avancées (comme la supraconductivité). «Cette nouvelle étude d'un accélérateur dédié aux thérapies pour le traitement du cancer sera semblable à l'étude d'un équipement médical Proton-ion (PIMMS) démarrée en 1996», explique Ugo Amaldi. Le document d'orientation stratégique souligne également l'importance d’élaborer un réseau européen d'installations de recherche qui pourraient fournir des radioisotopes innovants à des groupes développant des produits radiopharmaceutiques pour les diagnostics et les thérapies. Plusieurs installations pourraient participer à un tel réseau : ISOLDE au CERN est certainement l'une d'entre elles.

Visionnez une courte visite vidéo du centre d'hadrontherapie inauguré récemment à Heidelberg (Allemagne).

L'autre domaine où les physiciens et les médecins collaborent de plus en plus étroitement est l'imagerie médicale. La combinaison des techniques d'Imagerie par résonance magnétique (IRM) et de tomographie par émission de positons (TEP) est une idée très prometteuse qui fait actuellement l'objet de recherches de la part de plusieurs équipes dans le monde entier. «Ces différents instruments donnent différentes informations sur la structure interne du corps», explique Gillies Mc Kenna du Gray Institute for Radiation Oncology and Biology, au Royaume-Uni. Il ajoute que d'après son expérience, «ces ateliers sont très utiles, car souvent, les médecins et les physiciens ne savent pas quels aspects de leur travail pourraient mutuellement les intéresser. Rassembler des groupes lors d'un atelier peut être un très bon moyen pour commencer à former des équipes qui aborderont de nouvelles questions scientifiques.»

Le second atelier «La physique au service de la santé en Europe» (PHEE12) se tiendra en 2012.

par CERN Bulletin