La capacité informatique du CERN s’accroît

Que l’on travaille directement sur son ordinateur, que l’on utilise la puissance de la Grille de calcul depuis l’autre bout du monde ou que l’on partage du temps d’unité centrale grâce à l’informatique en nuage, la localisation géographique des machines, réelles ou virtuelles, qui nous servent à échanger des informations n’a quasiment aucune importance. En 2013, le nouveau centre de calcul à distance du CERN sera implanté en Hongrie.

 

Vue d'artiste du nouveau Centre de données Wigner. (Image: Wigner).

Cela fait quelques temps maintenant que le département IT du CERN essaie de réduire le plus possible les contacts entre l’humain et les ordinateurs. « Le problème, c’est que la présence humaine génère de la poussière et que le simple fait de toucher une machine peut l’endommager, explique Wayne Salter, responsable du groupe Installations informatiques. Un premier centre de calcul à distance s’est ouvert de l’autre côté de Genève, en juin 2010, et un autre verra le jour en Hongrie l’année prochaine. Une fois que le centre de Budapest sera opérationnel, nous n'irons pas sur place pour le faire fonctionner. Dans la mesure du possible, nous le gérerons par le réseau. »

Le CERN prendra en charge à distance la configuration des logiciels et le fonctionnement quotidien du centre, notamment la gestion des alarmes logicielles. « C’est une étape importante et un véritable défi pour l’informatique du CERN, souligne Wayne Salter, car il s’agit d’un nouveau modèle d’exploitation pour nous. Mais je pense que nous possédons les outils et le savoir-faire pour que ça fonctionne. » En Hongrie, l’installation physique et la maintenance matérielle seront assurées par le Centre de recherche Wigner pour la physique, l’institut hôte.

À l’origine, ce nouveau centre était uniquement censé accroître la capacité du centre de niveau 0 de la Grille de calcul pour les expériences LHC. Finalement, il va également permettre d’assurer la continuité des activités du CERN. « Si les systèmes informatiques du CERN venaient à s’arrêter en cas d’urgence ou de coupure de courant prolongée, nous serons en mesure de transférer temporairement les fonctions critiques vers le centre en Hongrie, explique Wayne Salter. Il s’agit de limiter les risques auxquels l'Organisation pourrait être exposée si toute sa capacité informatique était concentrée au même endroit. »

Le nouveau centre en quelques chiffres

Superficie : 3 pièces de 275 m2 chacune.
Charge électrique : 600 kW la première année et augmentation annuelle d’environ 300 kW.
Première année :
• environ 18 000 cœurs de processeurs,
• environ 5,5 Po de stockage sur disque.
Augmentation annuelle :
• environ 9 000 cœurs de processeurs,
• environ 2,7 Po de stockage sur disque.

Les fonctions critiques ne couvrent pas le traitement de toutes les données de physique, explique-t-il. « Dans une situation d’urgence, de toute façon, les expériences ne collecteraient pas de données. Si le problème touchait uniquement le Centre de calcul, elles pourraient utiliser leur propre capacité pour stocker temporairement une certaine quantité de données et le programme de physique ne serait pas entravé. » La sauvegarde effectuée en Hongrie concernera principalement les services informatiques qui permettent de travailler au quotidien au CERN : la messagerie électronique, les bases de données juridiques et des ressources humaines, et le système de gestion des paies. « Plusieurs jours peuvent être nécessaires pour restaurer une base de données en cas de panne de courant,  et il est possible qu’une partie des données soit définitivement corrompue, explique Wayne Salter. Nous espérons bien sûr qu'une telle situation ne se produira jamais mais, si cela devait arriver, le nouveau centre à distance nous permettrait d’y faire face ! »

Peu importe où les machines se trouvent, l’utilisateur final ne remarquera aucune différence quant à la qualité d’exploitation.

par Joannah Caborn Wengler