Interview avec Agnieszka Zalewska

Hier, le Conseil du CERN a élu son nouveau président : Agnieszka Zalewska. Le 1er janvier 2013, elle sera la première femme et la première physicienne polonaise à assumer cette fonction.

 

Agnieszka Zalewska.

Votre engagement avec le CERN remonte aux années 1970. Pouvez-vous nous décrire votre parcours au sein du CERN ?

Mon association avec le CERN a commencé en 1970, lorsque j’ai rejoint l’équipe de Cracovie qui travaillait sur les interactions de protons K+ enregistrées auprès d’une chambre à bulles de 2 mètres, une expérience menée auprès du Synchrotron à protons (PS). J’ai effectué ce travail dans le cadre de mes études. Au cours de mon doctorat, j’ai continué à collaborer avec le CERN en travaillant sur l’analyse d’événements de haute multiplicité provenant de la même expérience.

Après avoir obtenu mon doctorat, en 1975, je suis venue travailler pour la première fois au CERN, sur l’expérience S136. J’ai ensuite pris part à l’expérience WA3, puis, pendant plus de 15 ans, à l'expérience DELPHI, menée auprès du LEP. Le début des années 1980 était une période passionnante ; on commençait à travailler sur le détecteur de vertex au silicium en utilisant l’électronique de lecture VLSI, au sein de l’équipe de Peter Weilhammer's et Bernard Hyams.

Depuis 2000, mon activité est essentiellement consacrée à la physique des neutrinos. J’ai participé à l'expérience ICARUS, au Laboratoire national du Gran Sasso, en Italie, et à l'expérience T2K, au JPARC, au Japon.

Par ailleurs, j’ai pu voir comment fonctionne le CERN en collaborant à divers comités : l’ACCU, le SPSC, la Commission de la recherche du CERN, le SPC et, bien sûr, en tant que déléguée au Conseil du CERN, depuis janvier 2010.

 

Vous prendrez vos fonctions en janvier 2013, alors que le LHC se préparera pour l’arrêt technique. Quel sera le rôle du CERN, et du Conseil du CERN, durant cette période ?

Le LHC doit rester la priorité du CERN, et doit revêtir un intérêt primordial pour le Conseil du CERN. Le Conseil du CERN apportera également son aide pour la mise au point et la mise en œuvre de la stratégie européenne pour la physique des particules. Les années à venir seront palpitantes, mais exigeantes. Nous allons préparer le LHC en vue d’une exploitation à l’énergie nominale et développer encore l’approche mondiale de la physique des particules.

La qualité scientifique du CERN est reconnue dans le monde entier. Pour ce qui est de mon pays, le CERN a été la première institution européenne dont la Pologne a été membre. Pour nous, le CERN représentait un modèle de collaboration internationale et une porte d’entrée pour l’Europe. On doit la qualité du programme scientifique du CERN aux compétences exceptionnelles du personnel du CERN et des chercheurs qui travaillent pour les groupes des expériences, dans les États membres et dans le monde entier.

 

Être présidente du Conseil du CERN, est-ce que cela va changer votre vie ?

Ce sera un grand changement dans ma vie.  Cela signifiera beaucoup de travail. Travailler au service du Conseil sera ma priorité, et j’y consacrerai autant de temps que la fonction l’exige. Je serai toujours établie à Cracovie et je poursuivrai mes travaux de recherche, mais je me rendrai souvent au CERN.

J’ai beaucoup à apprendre ; c'est une fonction très exigeante. Je m’appuierai sur mon expérience précédente, et j’aurai beaucoup d’échanges avec le Président du Conseil actuel, Michel Spiro, auquel je succéderai en 2013.

 

La vie changera aussi pour votre famille…

Oui, mais mon mari est également physicien ; il est conscient des contraintes que la fonction suppose. Mes quatre enfants sont adultes maintenant.

Hier, j’ai reçu des messages très sympathiques de nombreux collègues dans de nombreux pays – une autre façon de constater le caractère international du CERN ! Du côté de ma famille ? Eh bien, mon petit-fils m’a envoyé un SMS pour me féliciter ! Il a 8 ans.

par Antonella Del Rosso and Katarina Anthony