La valeur n’attend pas le nombre des années

Généralisation relativiste des équations Navier-Stokes aux plasmas quarks–gluons — sans doute le titre d’un article publié par un physicien du CERN ? Vous n’y êtes pas, il s’agit d’un travail réalisé par un élève du secondaire ! Treize jeunes particulièrement brillants en science se sont vus offrir une visite du CERN. Le Bulletin les a rencontrés.


Les lauréats du concours Intel ISEF pendant leur visite au CERN.

Treize scientifiques en herbe sont arrivés le 29 juin au CERN pour une visite de trois jours. Il s’agissait de lycéens de 16 à 18 ans, lauréats du concours Intel ISEF, un grand concours scientifique destiné aux élèves du secondaire. Les lauréats de ce prix ont également gagné une visite au CERN, organisée par la collaboration CERN Openlab (voir encadré).

« Tout le voyage a été formidable, et en plus, c’est la première fois que je viens en Europe », explique Ryan Alexander, 16 ans à peine, qui a gagné dans la catégorie énergie et transport pour ses recherches portant sur des dispositifs peu coûteux et faciles à construire pour récupérer l’énergie éolienne. « J’ai travaillé sur un nouveau type d’éolienne qui utilise un flottement aéroélastique pour produire de l’électricité, et ensuite j’ai réalisé une version bon marché à base de bambou. Une des choses qui m’ont intéressé, c’est comment les travaux réalisés au CERN peuvent être appliqués à la recherche future sur l’énergie. »

Ces jeunes ont pu visiter de nombreux sites du CERN : le CLIC, les expériences d’antimatière, l’exposition ATLAS, le centre de contrôle et le centre de calcul. Pour la plupart, le moment le plus passionnant a été une visite guidée de la caverne de CMS sous la houlette de Jim Virdee, porte-parole de CMS, qui d’ailleurs avait prononcé l’allocution d’ouverture à la cérémonie de remise des prix tenue dans le Nevada (États-Unis). « J’ai toujours été intéressé par la physique des particules, et donc j’avais vu beaucoup d’images du CERN, mais descendre dans la caverne et voir CMS en grandeur nature, c’était formidable », déclare Erika DeBenedictis, qui a inventé un nouveau moyen d’identifier les astéroïdes à partir d’images astronomiques. « Ce qui était bien, c’était de pouvoir poser des questions pendant la visite. »

Le saviez-vous ?

CERN Openlab est une structure de collaboration entre le CERN et l’industrie, à laquelle participent de grands partenaires industriels (HP, Intel, Oracle et Siemens). Ces partenaires mettent à disposition des équipements, des solutions, des spécialistes, et apportent un financement permettant de recruter de jeunes ingénieurs et de jeunes chercheurs. En retour, le CERN fournit un environnement informatique exigeant permettant de mettre à l’épreuve les solutions proposées et de pousser à leurs limites les technologies de pointe.
Le programme fonctionne par phases de 3 ans ; il a commencé en 2003 avec Openlab-I, qui portait sur le développement d’un prototype évolué appelé opencluster. Openlab-II a porté sur divers domaines : plateformes, bases de données, grille de calcul, sécurité et constitution de réseaux. La diffusion du savoir-faire et des connaissances est au cœur du projet. La troisième phase, commencée en 2009, comprend des projets correspondant à quatre centres de compétence – automatisation et contrôles, base de données, constitution de réseaux et plateforme, en collaboration avec HP, Intel, Oracle et Siemens.

Les élèves invités au CERN avaient tous gagné le premier prix dans leur catégorie, chacune correspondant à une discipline scientifique. Mais même les non-physiciens ont apprécié la visite. « Je suis biologiste, pas physicien, mais on n’a pas besoin de comprendre l’aspect scientifique pour comprendre le principe de la collaboration! », déclare ainsi Ronit Abramson, qui a été distinguée dans la catégorie biologie cellulaire et moléculaire, pour son travail intitulé Formation de parois cellulaires à partir de protoplastes de diatomées marines : incidence pour des techniques nouvelles de transformation et de nanotechnologie. « Traverser la cafétéria du CERN et entendre autant de langues différentes, c’est magique. Cet endroit est véritablement une ville entière consacrée à la recherche. »

Parmi d’autres projets récompensés, on peut citer une étude des microbes qui digèrent le polystyrène expansé, un nouveau programme informatique qui répartit les tâches entre les puces, et même une recherche portant sur les traitements du cancer de la prostate. Pour en savoir plus sur le prix Intel ISEF, voir

http://www.societyforscience.org/ISEF/