Autre méthode, même but

Les radio-oncologues et radiothérapeutes représentaient une grande proportion des médecins et cliniciens assistant à la conférence ICTR-PHE 2012. L’assistance comprenait également des biologistes et des spécialistes de la médecine nucléaire. Les intervenants ont présenté l’état de la recherche touchant à la génétique et à la biologie des tumeurs, ainsi que certains médicaments d'avant-garde ciblant de façon sélective les cellules malignes. L’avenir du traitement du cancer semble se trouver dans une approche personnalisée.

 

Lorsque des membres de la communauté des sciences de la vie ont pris le relais des physiciens, l'angle d'approche est resté fondamentalement le même. Cela montre bien, une fois de plus, que les différentes communautés mènent le même combat et partagent un même objectif. Malgré tout, les méthodes et les perspectives peuvent être très différentes.

L’exemple de l’hadronthérapie illustre bien la situation : alors que, pour les physiciens, ce concept est bien établi, du point de vue des médecins, la quantité de données cliniques disponibles reste très faible. Plusieurs essais cliniques sont en cours, mais on ne disposera pas de résultats concluants avant plusieurs années.

Parmi les armes de radiothérapie contre le cancer que peut apporter le domaine de la biologie, il faut citer les biomarqueurs, ces substances qui, une fois injectées dans le corps, peuvent donner des informations sur le métabolisme, ou, plus généralement, le fonctionnement de cellules spécifiques. Le rôle de la génétique et les effets des rayonnements sur des organes vitaux tels que le cœur ou les poumons ont été discutés de façon approfondie lors de la conférence ICTR-PHE 2012. Ces études pourraient permettre de comprendre pourquoi certaines tumeurs sont radiorésistantes, pourquoi certains patients ne répondent pas au traitement, et pourquoi certaines stratégies cliniques, qui semblent imparables sur le papier, ne peuvent pas toujours être suivies dans la réalité.

Le rôle des sciences de la vie dans la lutte contre le cancer est également important par leur contribution à la connaissance des mécanismes moléculaires qui amènent les cellules à l’état hypoxique. Nous savons que, parce que l’oxygène est fortement réactif, les cellules malignes exposées aux rayonnements peuvent être détruites plus efficacement si l’oxygène est présent. Toutefois, dans les états de tumeurs avancées, les cellules deviennent hypoxiques, c’est-à-dire qu’elles reçoivent moins d’oxygène et deviennent ainsi plus résistantes à la radiothérapie. Mieux comprendre la cascade de mécanismes moléculaires sous-jacents à ces processus cellulaires aiderait certainement les médecins à mettre au point des traitements plus efficaces. À la conférence, les intervenants ont présenté le cas des molécules dites « cytotoxines bioréductrices », de nouvelles molécules à l’étude qui jouent un rôle dans la réponse du tissu hypoxique à la radiothérapie.

Nombreuses sont les molécules actuellement étudiées par les chercheurs pour la mise au point de nouveaux médicaments, de nouveaux radiotraceurs et de nouveaux radioprotecteurs. Cependant, ces molécules semblent ne pas opérer de la même façon dans toutes les situations. Autrement dit, il semble que le système biologique spécifique dans lequel ces substances sont utilisées joue un rôle crucial. Chaque cancer, chaque structure du tissu néoplastique et, surtout, chaque patient est unique. Une meilleure compréhension de ces différences peut aider à obtenir une meilleure réponse au traitement, à réduire également la toxicité et les effets secondaires, ce qui pourrait aussi contribuer à réduire les coûts de la santé et à épargner des ressources. Tout cela laisse penser que, s’il semble acquis que la combinaison de différents traitements (chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie) constitue la meilleure voie de traitement possible, les médecins doivent tenir compte de la génétique et de la biodiversité pour obtenir les meilleurs résultats.

Plusieurs intervenants ont souligné une fois de plus l'importance d'une approche interdisciplinaire. Arriver à articuler les dernières avancées de l’imagerie, les dernières découvertes de la médecine clinique et de la pharmacologie, la radiothérapie de pointe et des essais cliniques efficaces serait la clé du succès. Toutefois, ce n’est pas une mince affaire, et cela ne se fera pas d'un jour à l'autre. Une conférence telle qu'ICTR-PHE 2012 joue un rôle essentiel en suscitant ces échanges constructifs.



Pour plus d'informations sur la conférence ICTR-PHE 2012 lisez les autres articles publiés dans le Bulletin.

par Antonella Del Rosso & Fabio Capello