La course du dragon

Vieille de près de 2000 ans, la tradition ancestrale chinoise de la course de bateaux-dragon était à l’origine une fête célébrée le 5e jour du 5e mois lunaire et destinée à implorer les dieux de faire tomber la pluie nécessaire aux récoltes. Aujourd’hui, le club de canoë-kayak du CERN participe lui aussi à cette tradition, moins pour prier les dieux à la date prévue selon le rituel, que pour procurer de la joie à ses membres.



La course de bateaux-dragon connaît depuis le milieu des années 90 une popularité croissante en Europe, et le club de canoë-kayak du CERN, espace idéal pour accueillir et promouvoir cette activité dans la région genevoise, a pris l’initiative de faire connaître ce sport aux habitants du coin.

Des membres du club se sont rendus en juin à Dole pour participer au Festival Dragon Boat 2009. Dans des conditions météorologiques idéales, l’équipe a triomphé pour son premier tournoi en restant largement en tête sur l’ensemble de la course.

L’équipe, composée de 22 personnes, dont 20 pagayeurs, un batteur (ou «tambour») et un barreur, comprenait des membres du club, leurs enfants, quelques amis et d’autres membres de leurs familles. «Au moment où le bateau s’élance, vous éprouvez une sensation vraiment étonnante,» explique Catharine Noble, entraîneuse pour le club de canoë-kayak et co-auteure de l’initiative pour le bateau-dragon. «Nous nous sommes entraînés pour le départ car c’était la première fois que l’équipe utilisait ce bateau. J’ai demandé à l’équipe de donner 10 coups de pagaie à un certain rythme et…GO! Le bateau s’est élancé; nous avions l’impression de voler! À l’arrivée, tout le monde est resté bouche bée tout en reprenant son souffle, incroyable! Pourrons-nous répéter cet exploit?»

Vu le succès de cette première sortie, le club cherche désormais à acheter son premier bateau. Les bateaux utilisés sont généralement fabriqués en Allemagne, les tambours étant importés de Hong-Kong. Le dragon ornant l’avant de chaque bateau (qui qualifie l’embarcation et la discipline) a une forme et une couleur personnalisées, donnant à celui-ci un look et un esprit particuliers. Le bateau du CERN sera essentiellement utilisé par le club, mais il sera également à la disposition des Cernois et des entreprises de la région. Se terminant souvent autour d’un bon barbecue, la course de bateaux-dragon est un moyen fantastique de s’intégrer à une équipe. «Si vous ne connaissez pas la moitié des membres de l’équipe avant le départ, vous apprendrez à les connaître avant la fin de la journée, relève Catharine avec humour; c’est une activité très conviviale.»

Paddle for Cancer, le prochain événement pour le club, est une course de charité qui aura lieu le 6 septembre. Les bateaux seront fournis par l’organisateur, et le club du CERN envisage de créer trois équipes «Open» - deux équipes mixtes et une équipe exclusivement féminine (21 équipiers par bateau). Tout le monde pourra participer – membres du personnel du CERN ou non, amis et familles. Le but est de collecter 2000 CHF par bateau, soit au total 6000 CHF pour les trois bateaux du CERN, et d’en faire don à la recherche sur le cancer.

Pour toute précision concernant la course, les modalités d’inscription et le club, merci de contacter Catharine Noble. mailto:club.kayak@cern.ch

Site du club

Le saviez-vous?

Histoire

La course de bateaux-dragon compte parmi les sports reconnus les plus anciens. La course, deux fois millénaire, était à l’origine un rite en l’honneur des dieux. Au milieu des années 70, la Chine a fait connaître la course de bateaux-dragon au monde entier et celle-ci a été reconnue comme un sport officiel. Le dragon a une importante signification historique. Il s’agit du seul animal mythique parmi les 12 animaux du zodiaque chinois. Les dragons étaient considérés comme les maîtres des rivières et des mers et les faiseurs de nuages et de pluie. Les sacrifices étaient courants durant les courses ancestrales et les équipes recouraient à des pratiques violentes pour les aider à remporter la victoire. Les jets de pierres et les combats entre équipes au moyen de bambous faisaient partie du rite. Les équipiers qui tombaient à l’eau n’étaient pas secourus, leur destin étant censé reposer entre les mains du dieu des dragons, et leur mort était considérée comme un sacrifice. Heureusement, cette pratique n’est plus de mise aujourd’hui!

Les bateaux

Les bateaux sont occupés par 20 pagayeurs, un barreur et un batteur assis à l’avant face aux pagayeurs. À chaque coup de pagaie, le batteur tape frénétiquement sur un grand tambour traditionnel et encourage l’équipe en criant pour la maintenir en rythme.

Le tambour traditionnel est généralement importé de Chine afin de perpétuer la tradition. Partie essentielle du bateau, le dragon est toujours très personnalisé et varie d’une embarcation à l’autre. Si les bateaux en fibres de verre sont de plus en plus utilisés par les équipes d’élite, les bateaux en bois traditionnels sont toujours très répandus. Certains bateaux sont encore fabriqués en Chine, selon des méthodes ancestrales, mais leur coût de transport est astronomique. L’Allemagne, aujourd’hui grand fournisseur pour toute l’Europe, produit des bateaux traditionnels de bonne qualité. Un grand nombre de bateaux proviennent aussi directement d’équipes professionnelles, qui utilisent en principe leur bateau une fois pour une compétition, puis en font don à des pratiquants. Le coût d’un bateau neuf est variable, mais oscille généralement entre 10000 et 15000 CHF.