Des liens renforcés entre le CERN et l’Afrique du Sud

Il y a une vingtaine d’années, le laboratoire iThemba LABS (Laboratory for Accelerator Based Sciences), un centre de recherche sud-africain, commençait à traiter des patients atteints de cancer avec des faisceaux de particules. Au fil des ans, sa collaboration avec le CERN s’est renforcée. Après être devenu membre des collaborations ALICE et ATLAS, iThemba LABS projette aujourd’hui d'acheter un nouveau cyclotron accélérateur de protons à usage médical, et cherche à renforcer ses liens avec le CERN et l'Europe également dans ce domaine grâce à la collaboration avec ENLIGHT. Ce cyclotron, destiné à être utilisé uniquement pour la protonthérapie, sera une installation unique en son genre dans l’hémisphère sud.

Le laboratoire iThemba LABS a été créé il y a près de 50 ans non loin du Cap, en Afrique du Sud, afin qu’il devienne le centre névralgique du continent africain pour la recherche en physique nucléaire et en science des matériaux. Dans les années 80, iThemba a construit un cyclotron de 200 MeV, puis, au début des années 90, il s’est lancé dans un tout nouveau domaine scientifique : la médecine des rayonnements et la médecine nucléaire. Tout en poursuivant ses activités de recherche prioritaires, iThemba a commencé à consacrer une partie de son temps à la production d’isotopes à durée de vie brève et longue pour des applications de médecine nucléaire. Peu de temps après, iThemba s’est mis à exploiter le cyclotron pour l'hadronthérapie, en utilisant à la fois des protons et des neutrons.

À l’heure actuelle, le cyclotron de iThemba est utilisé dans trois domaines : la recherche en physique nucléaire, la production d’isotopes à usage médical et l'hadronthérapie. « Nous souhaitons jouer un rôle plus important en hadronthérapie, en rendant accessible cette solution thérapeutique à un plus grand nombre de patients en Afrique », explique Daniel Adams, du Département de science et technologie d'Afrique du Sud. Comme le souligne Vincent Spannenberg, chef de la division des finances du laboratoire iThemba : « La seule façon de le faire sans renoncer à nos activités dans les autres domaines, qui sont tout aussi importantes, est de construire un nouveau cyclotron. »

C’est là que le CERN entre en jeu. « Nous allons partager l’expertise et le savoir-faire que possèdent le CERN et ENLIGHT dans la mise en place de collaborations fructueuses et dans la gestion de questions impliquant des environnements multidisciplinaires, explique Manjit Dosanjh, membre du groupe Transfert de connaissances et conseillère en sciences de la vie auprès du directeur général. Parallèlement à cette initiative, la collaboration avec iThemba sur les sources d’ions profitera également au programme de physique des ions lourds du CERN. « Comme iThemba possède déjà une expérience notable avec les cyclotrons, cette collaboration avec le CERN lui donnera l’occasion d’approfondir ses connaissances et lui apportera également des bases en matière de formation pour le nouveau personnel », confirme Vincent Spannenberg.

Cette collaboration avec iThemba fait partie des nombreuses collaborations que le CERN a établies avec des pays d’Afrique. L’Afrique du Sud est membre d’ALICE et d’ATLAS, des scientifiques d'iThemba participent au programme d'expériences à ISOLDE, et le pays a accueilli l’année dernière la première École africaine de physique (First African School of Physics). « Nous attachons vraiment une grande valeur à notre coopération avec le CERN, conclut Daniel Adams. Que ce soit en recevant des membres du gouvernement ou en collaborant à nos projets sur les accélérateurs, le CERN aide l’Afrique du Sud à se faire une place sur la scène internationale dans le domaine de la recherche. La nouvelle installation de traitement par protons permettra de traiter des patients provenant de tout le continent, en mettant une médecine de pointe à la portée d’une grande partie de la population, dans cette partie du monde également. »

par Katarina Anthony