En voiture !

Comme tous les ans, les géomètres du CERN ont procédé à des mesures de positionnement des éléments du LHC. Mais, pour la première fois, du 16 au 18 janvier dernier, ils ont pu réaliser certains relevés à distance le long d’une section rectiligne grâce à un tout nouveau train télé-opéré.

 

De gauche à droite : Thierry Feniet, Patrick Bestmann et Cédric Charrondière, dans les bras du wagon de mesure.

Ce train ne prend pas de voyageurs, mais des photos. Dans quel but ? Éviter aux géomètres du CERN d’avoir à les prendre eux-mêmes, notamment dans certaines zones où les niveaux de radioactivité imposent des contraintes aux opérateurs, conformément au principe ALARA (As Low As Reasonable Achievable).

Le train des géomètres, fruit d’une collaboration entre différents groupes des départements EN et BE, a nécessité plus de quatre ans de développement. Un train techniquement à la pointe donc et, comme le souligne Thierry Feniet, concepteur du véhicule et membre du groupe EN-HE, « qu’il est possible de piloter depuis la surface grâce à un réseau dédié composé de fibres optiques et d’antennes Wifi. »

Nous voilà donc virtuellement à bord du convoi (voir la photo), équipé de tout le matériel du géomètre du futur. Suspendue par un monorail au plafond du tunnel du LHC, la locomotive tire ses quatre wagons – ceux dotés des équipements de mesure, celui avec les systèmes de commandes, et celui avec les batteries – à une vitesse maximum de 6 km/h, direction le point 7 et ses 38 collimateurs.

« Le wagon de mesure est équipé de quatre caméras photogrammétriques et de deux bras mobiles, explique Patrick Bestmann, géomètre au sein du groupe BE-ABP et concepteur de la partie mesure. Ces bras sont dotés de capteurs qui permettent de suivre en permanence un fil de référence tiré sur toute la longueur de la section mesurée. Lorsque le train arrive au niveau d’un élément dont il doit relever la position (un collimateur ou un aimant par exemple), il s’arrête : l’acquisition des différents capteurs ainsi que quatre photos sont lancées simultanément, ce qui permet ensuite de reconstituer les coordonnées des collimateurs et des aimants en 3D. » En combinant toutes les données 3D de la section mesurée, les géomètres sont finalement capables de déduire la position des éléments les uns par rapport aux autres. 

« Pendant les mesures, les calculs sont effectués dans le wagon de commandes et sont retransmis en temps réel aux opérateurs en surface, ajoute Cédric Charrondière, du groupe EN-ICE et développeur du logiciel de mesure. Cela nous permet de vérifier les acquisitions en direct, et de les comparer aux relevés précédents pour déceler d’éventuels déplacements. »

Avec un équipement et une configuration adaptables sur mesure, ce train fera sans doute des petits : « Le service de Radioprotection envisage d’en commander trois pour ses mesures de radioactivité, se réjouit Thierry Feniet. Le génie civil y porte également un grand intérêt. Via une caméra, il a en effet déjà pu contrôler l’état du tunnel très facilement. Quant aux géomètres, ils ont maintenant dans l’idée de se servir de ce type de véhicule pour mesurer les aimants des arcs du LHC. »


 

par Anaïs Schaeffer